L'UNIOPSS rassemble les associations de solidarité qui interviennent dans le secteur médico-social avec les personnes âgées et les personnes en situation de handicap, mais aussi dans la lutte contre l'exclusion et sur les questions d'enfance. Mon propos se concentrera ainsi essentiellement sur les EHPAD, mais je me permettrai quelques incises sur les autres secteurs. Le propos que je vous présenterai a été travaillé avec notre centaine d'adhérents et avec les unions régionales interfédérales des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux.
Je traiterai de la vaccination, des professionnels et enfin des proches des résidents en EHPAD.
Avant toute chose, mon premier constat est qu'il est impossible généraliser. Plusieurs situations très hétérogènes existent. Il est très difficile de tenir un propos unique sur les EHPAD et le covid – les situations varient largement d'un territoire à l'autre.
Je constate en règle générale une bonne acceptation de la vaccination chez les personnes résidentes, plus forte d'ailleurs que chez les professionnels. La situation est pourtant hétérogène : dans certains territoires, le taux de vaccination des résidents atteint déjà plus de 90 %, alors que la campagne de vaccination est plus compliquée dans d'autres territoires.
Comme l'exprimait Antoine Perrin, cette situation explique que les directeurs d'EHPAD se questionnent sur les suites de la vaccination. Pour beaucoup de résidents et de proches, la vaccination doit donner lieu à un allégement du protocole des visites. Puisque les résidents et les personnels seront vaccinés, les résidents et leurs proches attendent une plus forte liberté de visites et une reprise du lien social.
Les professionnels sont fatigués, cela a déjà été dit. La fatigue est d'abord physique : entre les deux pics de la crise, l'été a été caniculaire. La canicule a exercé une pression supplémentaire sur les personnels, à un moment où la crise du covid était moins présente. La fatigue est également psychologique. Si la revalorisation a été plus ou moins bien gérée pour les personnels des EHPAD privés et publics, en revanche, les professionnels nourrissent encore de nombreuses interrogations sur la revalorisation des autres secteurs privés non lucratifs, comme la protection de l'enfance. Cela envoie un très mauvais signal. On a salué la mobilisation totale de ces professionnels pendant le premier épisode de la crise et le premier confinement ; désormais, ces professionnels font face à une non-reconnaissance et à des situations très hétérogènes. Les modalités de revalorisation varient entre les différents secteurs professionnels, et parfois entre des professionnels du même secteur au sein de la même association mais intervenant sur des territoires différents. La conséquence en est un risque de fuite des salariés du secteur privé non lucratif vers le secteur public – cela est surtout vrai pour le secteur du handicap.
Il faut par ailleurs que la relation avec les autorités de contrôle et de tarification soit la plus facilitante possible pendant cette période de crise. Certaines autorités de contrôle et de tarification, surtout pendant le premier confinement, n'ont pas pris la mesure de l'ampleur de la tâche pour les professionnels et ont parfois renforcé les difficultés existantes.
S'agissant des résidents et des proches, la stratégie « protéger sans isoler » est à peu près claire. Néanmoins, un vrai problème se pose quant à l'acceptabilité des mesures d'exception par les personnes résidentes et leurs proches. Il s'agit de mesures exceptionnelles dérogatoires au droit commun : la possibilité de sortir pendant le couvre-feu, par exemple. Cela nourrit chez ces personnes le sentiment de subir un traitement particulier et des mesures plus restrictives que le reste de la population, et alimente un risque de glissement progressif des résidents, qui est aussi inquiétant.