La situation est très dure pour les équipes. De nombreux sujets doivent être traités, y compris hors dossiers covid. Or, la HAS n'est pas nécessairement dimensionnée pour absorber une telle charge de travail.
Concernant le vaccin AstraZeneca, s'il semble moins bon que ses concurrents, il s'avère cependant tout à fait satisfaisant. Il excède les seuils fixés au niveau international – 50 % d'efficacité vaccinale – avec une efficacité estimée entre 60 % et 70 % – probablement plus proche de 70 % d'après les données des Anglais publiées hier. Nous l'avons priorisé pour cela. Cependant, en l'absence de données suffisantes sur son efficacité sur les plus de 65 ans, nous avons modifié la stratégie et proposé d'avancer la phase 3. Celle-ci concerne les professionnels de santé et les professionnels du secteur médico-social, ainsi que les 50‑64 ans, en commençant par les personnes ayant des comorbidités, dont la vaccination était initialement prévue après les personnes âgées. Nous vaccinerons par ordre décroissant de risque de forme sévère.
Concernant la question relative à la vaccination des étudiants, nous n'avons aucune certitude que le vaccin protège contre la contamination. Le vaccin permet de se protéger soi, mais il ne permet pas en revanche de protéger les autres et d'enrayer l'épidémie. Seules les mesures barrières le permettent. La vaccination des jeunes étudiants qui, heureusement, ne présentent pas de formes de risque sévère – sauf pathologies particulières, auquel cas ils rejoignent les populations priorisées – n'est donc pas envisagée à ce jour. Nous n'avons pas de données sur la capacité du vaccin à prévenir la contagion. Il est en outre possible d'être porteur du virus sans signe clinique. Dans ce contexte, vacciner les jeunes pour les « libérer », les incitant à abandonner les gestes barrières, contribuerait en réalité à la propagation du virus, ce qui prolongerait l'épidémie et faciliterait l'apparition de variants. En effet, plus le virus circule, plus les variants se multiplient et deviennent difficiles à maîtriser. Je comprends totalement l'inquiétude pour nos jeunes et je partage l'empathie exprimée. Malheureusement, la vaccination ne serait pas d'une grande utilité, ni pour les protéger eux, ni pour protéger les autres, ni pour enrayer l'épidémie. Si l'un des vaccins montrait une efficacité certaine sur la transmission et sur ces fameuses formes asymptomatiques, cela nous inciterait évidemment à revoir cette stratégie.