En guise d'introduction, je propose de vous dire quelques mots sur les derniers travaux que nous avons réalisés et sur les sujets sur lesquels nous travaillons encore aujourd'hui.
Je voudrais commencer par souligner les évolutions relativement importantes que nous avons conduites au cours des mois d'octobre et de novembre, comparativement à la première vague. Nous avons beaucoup travaillé avec les sociétés savantes, les conseils nationaux professionnels (CNP) et la Haute Autorité de santé (HAS), pour permettre à notre système de santé de s'adapter à l'évolution de la crise sanitaire. Nous avons notamment cherché à identifier les leviers de dilatation de notre système de santé, puisque nous avons été confrontés à un afflux de patients dans les services de soins critiques, notamment les services de réanimation adultes, mais également en hospitalisation conventionnelle et en médecine de ville. Deux outils ont été développés à cette fin par les professionnels, auxquels nous avons adjoint des recommandations d'organisation sanitaire : les Usicovid, qui permettent d'accroître les capacités de prise en charge en soins critiques, et l'oxygénothérapie à domicile, qui s'est révélée extrêmement utile lors de la deuxième vague pour prendre en charge des patients, notamment en aval des hospitalisations. Il s'agit de travaux très importants. Je souhaite d'ailleurs remercier publiquement les CNP pour leur contribution et nous avoir ainsi aidés à armer notre système de santé. Ces leviers restent pertinents aujourd'hui. Nous y recourrons et nous pourrons y recourir davantage à l'avenir.
Parmi les sujets d'actualité, je souhaite vous faire part des travaux que nous menons actuellement, de nouveau avec les CNP, en particulier de chirurgie, sur l'impact des déprogrammations de la première et de la deuxième vagues. Nous travaillons d'une part sur la mesure de ces évolutions d'activité, qui ne sont pas homogènes selon les segments d'activité. Nous disposons des premiers chiffres globaux depuis la semaine dernière. Nous cherchons d'autre part à identifier les actes les plus pratiqués, ou les actes « traceurs » – cette information nous sera communiquée par les CNP, pour que nous puissions analyser l'impact des déprogrammations et reprogrammations sur la prise en charge des patients. Il s'agit d'un volet important et il paraît tout à fait important que nous nous livrions collectivement à cet exercice. En effet, la déprogrammation reste un levier permettant d'accroître les capacités de prise en charge, qui emporte néanmoins des conséquences. Toutefois, comme vous avez pu le constater, dans les régions fortement sous tension qui font face à des déprogrammations, celles-ci restent souvent partielles et augmentent par palier, de façon hétérogène et de façon beaucoup plus modulée que lors de la première vague.
Deuxièmement, les sociétés savantes, et en particulier la HAS, travaillent sur l'organisation de la prise en charge des patients ayant contracté le covid et souffrant de séquelles. Les réponses de la HAS devraient être disponibles dans les prochains jours. Mais nous travaillons d'ores et déjà avec les CNP à l'organisation de la prise en charge de ces patients. De fortes attentes sont exprimées à cet égard et il s'agit pour nous d'un sujet de préoccupation actuel et de long terme.
Notre troisième sujet de préoccupation tient aux ressources humaines. Les professionnels de santé sont soumis à de fortes pressions. Face à cette situation, nous avons actionné différents leviers, en particulier celui des formations professionnelles aux soins critiques, pour permettre l'organisation de renforts dans ces services. Près de 7 000 professionnels ont été formés au cours de l'année 2020. Nous avons développé, avec les CNP, des modules de formation rapide en octobre et novembre. Nous recensons à ce stade près de 1 000 inscrits, médecins et infirmiers. Un quart d'entre eux sont arrivés au terme de la formation ; les trois quarts restants sont en cours de formation. Il nous semble important de poursuivre cette action. D'autres outils seront par ailleurs mis à la disposition des agences régionales de santé (ARS) dans les jours qui viennent, telle que la majoration des heures supplémentaires et l'indemnisation des congés non pris. Ces outils avaient déjà été utilisés lors de la deuxième vague ; ils seront réactivés très prochainement.
Je conclurai mon intervention par un point sur la situation actuelle. Nous restons très attentifs et très préoccupés par la situation actuelle. 3 300 patients covid sont aujourd'hui en réanimation, sur un total de 5 800 patients en réanimation, soit un nombre supérieur à nos capacités initiales il y a un an ; de nombreux patients covid sont également soignés dans les services d'hospitalisation conventionnelle. Nous suivons l'évolution de la situation quotidiennement. Nous échangeons très régulièrement avec les ARS sous tension, dans les quatre à cinq régions concernées par un afflux de patients important. Nous avons procédé à quelques évacuations sanitaires dans le sud de la France ainsi qu'à Mayotte ; celles-ci restent très inférieures aux volumes que nous avons pu connaître, mais ce sujet fait l'objet d'un suivi attentif, en lien avec les ARS, à un rythme au moins hebdomadaire.