Intervention de Annie Chapelier

Réunion du jeudi 4 mars 2021 à 9h35
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAnnie Chapelier :

Madame la présidente, je voudrais d'abord vous féliciter d'avoir organisé cette première table ronde sur la santé mentale. Depuis le début de la crise, voici plus d'un an, ce sujet de préoccupation n'a pas cessé d'être signalé. Malgré nos efforts pour alerter sur l'impact de cette crise qui dure, le sentiment nous vient que cet aspect du problème n'est pas vraiment perçu à sa juste mesure. Merci, donc, pour l'organisation de cette table ronde et la qualité de toutes les interventions, complémentaires les unes des autres.

Je voudrais d'abord rappeler que la santé se définit comme un bien-être physique, psychique et social et pas seulement comme l'absence de maladie. Il semblerait, pendant cette crise, qu'on ait négligé les versants psychique et social par rapport à la dimension physique de la santé. Nous commençons malheureusement à en payer la facture, à en juger par l'état psychologique des Français, encore que le problème se rencontre dans pratiquement tous les pays.

Un de mes collègues a proposé la création d'une délégation interministérielle. Au Japon a été créé un ministère de l'isolement et de la solitude, au vu des réactions de la population aux mesures de confinement.

Un point m'étonne depuis le début de la crise : le Conseil scientifique, lors de sa mise en place, ne comptait aucun expert en santé mentale pour conseiller le Président de la République et le Gouvernement. Depuis le 20 février 2021 seulement, après un an de crise, une pédopsychiatre a rejoint ce Conseil scientifique, ce que j'estime largement insuffisant. Il faudrait un plus grand nombre d'experts en santé mentale pour orienter l'action de l'exécutif.

Vous avez beaucoup parlé d'indicateurs, de cohortes et de la nécessité d'une approche scientifique, évidemment incontestable. Parmi les chiffres que l'on nous assène en permanence m'interpelle celui, en baisse, des naissances. Ce recul me paraît un indicateur extrêmement intéressant d'un manque d'horizons, du fait que beaucoup repoussent l'idée de construire leur vie, parce que la crise les empêche d'évoluer. Est-il envisagé d'introduire d'autres éléments de suivi prenant plus en compte les réactions sociales pour réfléchir à l'état de santé de la population ?

Vous avez établi à propos des jeunes  un groupe avec lequel nous entretenons personnellement des relations  un constat accablant, attesté par les chiffres que vous avez communiqués. Le nombre de jeunes affectés par la crise ne laisse pas d'inquiéter. Dans ma circonscription, peut-être parce qu'elle se situe en milieu rural où les jeunes peuvent accéder à la nature, la crise touche surtout les personnes âgées, y compris celles qui vivaient jusque-là chez elles en toute autonomie. Leur situation se dégrade de plus en plus rapidement, on constate des syndromes de glissement, au point que les communes ont dû assurer leur prise en charge. Ce versant-là de la crise apparaît lui aussi très préoccupant. Le Conseil d'État a jugé anormal de ne pas autoriser les résidents des EHPAD à en sortir, à présent qu'ils ont été vaccinés. J'aimerais entendre votre réaction au sort de la population âgée, aussi bien à domicile qu'en établissement. Estimez-vous qu'un point de non-retour a été atteint ?

Enfin, constatez-vous que se mettent en place des mécanismes plus ou moins informels de résilience dans la population pour surmonter cette situation inédite ?

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