Intervention de Martine Wonner

Réunion du jeudi 4 mars 2021 à 9h35
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Wonner :

Merci, mesdames et messieurs, pour vos témoignages. Nous nous connaissons bien puisque vous aviez très largement participé au rapport rendu par mes collègues Caroline Fiat, Brahim Hammouche et moi-même en 2019.

Vous l'avez fort bien exprimé : la situation face à la crise sanitaire est aujourd'hui particulièrement préoccupante, non pas tant pour le monde même de la psychiatrie ou des patients déjà soignés en psychiatrie que pour la population générale.

Le dernier bulletin hebdomadaire national sur l'épidémie fait état d'une augmentation très significative des états anxieux, en hausse de 4 points, ainsi que des états dépressifs. En résumé, 34 % des Français rapportent aujourd'hui un état anxieux ; des chiffres en constante augmentation depuis un an.

J'aimerais revenir sur certains profils particulièrement éprouvés par des souffrances psychiques : les étudiants, les personnes sans activité professionnelle ou en situation de précarité. D'après un sondage IPSOS pour la Fondation FondaMental publié fin janvier, 40 % des 18-24 ans ont rapporté un trouble anxieux généralisé, soit 9 % de plus que la moyenne des Français.

Les plus jeunes, les plus petits, méritent une attention particulière et je remercie Frank Bellivier d'avoir évoqué en introduction les moins de 15 ans. Plusieurs sociétés savantes de pédiatrie ont poussé un cri d'alerte face à l'augmentation tout à fait spectaculaire et inédite des admissions pour motifs pédopsychiatriques assortis d'authentiques symptômes d'anxiété ou de dépression, d'idées noires et de propos tournant autour de la volonté de mourir. Certains enfants se livrent même à des gestes suicidaires.

L'étude E-Cocoon menée par un service spécialisé à Toulouse confirme cet état des lieux. Un enfant sur cinq souffrirait d'un stress post-traumatique dû au premier confinement. Annie Chapelier a cité nos aînés, je n'y reviens pas. Eux aussi sont véritablement victimes d'isolement et de symptômes d'anxiété massive à l'origine de syndromes de glissement.

Plusieurs dispositifs ont été proposés mais ils me semblent aujourd'hui assez insatisfaisants, comme les « chèques psy » pour les étudiants. J'aurais souhaité votre éclairage sur l'avis de la Cour des comptes relatif à la généralisation, à titre d'expérimentation, de la prise en charge par la sécurité sociale des psychothérapies sur prescription. J'avais, de mon côté, déposé un amendement au projet de loi de financement de la sécurité sociale 2021, hélas considéré comme cavalier. Je le déplore d'autant plus que, selon moi, cet accès simplifié aux soins bénéficierait à nos étudiants.

Selon les chiffres de l'OMS, 17 % des pays seulement disposent d'un financement supplémentaire suffisant à leur plan de réponse psychosociale à la pandémie. La France en fait évidemment partie. Je salue toutes les préconisations émises en la matière. 60 millions d'euros supplémentaires y ont été alloués. Mais quel public ce plan cible-t-il en priorité ? Qu'en est-il du renforcement des dispositifs d'aller-vers ?

Merci au Centre collaborateur de l'OMS d'avoir refait un point sur le dispositif des CLSM, qui figuraient parmi les préconisations du rapport parlementaire rendu par mes collègues et moi-même. Cette crise a mis en évidence leur rôle fondamental.

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