Je souhaiterais revenir sur l'aller-vers. La situation est compliquée. Des mesures doivent être prises, qui ne s'inscrivent malheureusement pas dans la temporalité de l'urgence requise par la crise.
Nous avons constaté, et l'OMS a tenu à ce sujet des propos forts, le manque d'une approche psychosociale. L'un de vous a soulevé la question des moyens à mettre en œuvre pour développer une culture de la santé mentale. Une telle entreprise prendra sans doute beaucoup de temps, mais aborder les questions de santé mentale dès l'enfance et mener des actions de prévention et de promotion de la santé mentale pourraient constituer des axes forts d'amélioration de notre système de santé.
Nous parlons aujourd'hui beaucoup, ce qui m'interpelle d'ailleurs dans le bon sens, de santé mentale et de psychiatrie, en se souciant assez peu, en fin de compte, de la différence ainsi établie entre l'une et l'autre, alors qu'il existe en réalité un continuum entre les déterminants sociaux de santé, l'état de santé mentale et d'éventuels troubles psychiques naissants.
Avant la crise, envisager aussi clairement ce continuum ne relevait pas d'une évidence. La crise nous a amenés à parler de santé mentale dans une instance comme celle-ci et il y a lieu de s'en réjouir. Le déploiement des actions envisagées et la nécessité de répondre dans l'urgence aux besoins des jeunes ne s'inscrivent pas forcément dans la même temporalité, ce qui complique les choses.
M. Roelandt avait évoqué la notion de fracture numérique : l'usage du numérique apparaît comme un moyen à développer pour atteindre les jeunes et augmenter la literacy en santé. Il a pour corollaire négatif une difficile maîtrise de l'usage des écrans à moyen ou long terme. Cependant, la notion d'aller-vers et la création de lien social par de multiples manières, pas seulement liées à des technologies sophistiquées mais, comme dans beaucoup de services de psychiatrie, par le biais du téléphone, de la téléconsultation en augmentation massive durant le premier confinement, ont donné des résultats probants en termes de maintien des liens sociaux et d'un état de santé mentale correct.
Nous devons demeurer vigilants aux risques de fracture numérique. Nous sommes encore loin d'un équipement complet de la population, même si les jeunes sont peut-être plus favorisés de ce point de vue. Il faut veiller à ne pas laisser de côté toute une partie de la population.