La menace sanitaire est apparue depuis plus de quinze mois maintenant. Nous avons mis une alerte dès le 9 janvier dans notre système d'alerte précoce. Nous avons eu une première vague d'infections au printemps 2020, la situation s'est améliorée pendant l'été puis la deuxième et la troisième vagues sont revenues avec une force inconnue.
Nous sommes maintenant dans une situation très grave qui ne semble pas s'améliorer malgré l'accélération de nos campagnes de vaccination. Nous sommes menacés par des mutations plus agressives et plus transmissibles du virus, qui posent des problèmes à une population plus jeune que ce que nous avons vu lors de la première vague.
Notre travail a une base légale sur laquelle nous nous appuyons pour coordonner la préparation de l'alerte rapide, l'évaluation des risques et la réponse aux crises au niveau européen face à des menaces graves pour la santé. Cela ne concerne pas seulement les maladies transmissibles mais aussi des menaces chimiques, environnementales ou inconnues.
La Commission travaille avec les États membres ainsi qu'avec la Norvège, le Liechtenstein et l'Islande mais aussi dans le contexte GHSI avec les pays du G7 et le Mexique. Le but est de mieux répondre globalement, de mieux échanger les informations et de travailler plus intensément la préparation aux crises sanitaires. Plusieurs agences nous aident au niveau européen comme le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l'Agence européenne des médicaments (EMA) à Amsterdam mais nous travaillons aussi avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Plusieurs éléments constituent le cadre de la sécurité sanitaire au niveau européen. Nous avons d'abord un système d'alerte précoce et d'intervention qui permet aux États membres de communiquer en permanence afin de s'alerter et d'évaluer le risque mais aussi de communiquer les plans de réaction prévus dans les différents pays et de s'informer des mesures prises avant qu'elles soient communiquées dans les médias.
Le deuxième élément est le comité de sécurité sanitaire auquel participent des États membres, des pays observateurs voisins mais aussi l'OMS et d'autres organismes invités en cas de besoin. Sa fonction est de coordonner la réponse aux menaces graves pour la santé.
Nous travaillons aussi entre les crises pour améliorer la préparation. Les États membres informent régulièrement la Commission sur leurs plans de préparation et sur les changements de planification et d'intervention pour répondre à une menace sanitaire. Il existe depuis 2014 des possibilités de passation conjointe de marchés parmi les contremesures médicales. Tous les États membres ont signé ce traité qui a été utile pour la réponse au niveau européen. Depuis la crise de la covid, un nombre de pays voisins a aussi signé ce contrat et bénéficient des achats en communs.
Nous travaillons ensemble dans le cadre du Health Security Committee (HSC) avec l'appui de toutes les agences. En particulier, l'ECDC a pour rôles d'évaluer rapidement le risque pour proposer des mesures de réponse, de rédiger des rapports techniques et d'aider à la mise à jour des propositions légales. Elle donne aussi des avis scientifiques, par exemple pour prioriser les mesures de réponse.
Nous avons utilisé l'instrument des marchés conjoints depuis le début de la crise de la covid, dès le mois de février, afin de mettre en place des contrats d'achat d'équipements de protection, de médicaments essentiels aux soins intensifs, de vaccins, de tests rapides... Nous avons aussi utilisé le soutien d'urgence pour financer le transport d'articles médicaux essentiels, de médicaments et de matériel médical. Nous avons acheté des masques assez tôt et dernièrement des tests antigéniques rapides pour les mettre à disposition des États membres.
Jusqu'à présent, un seul traitement spécifique de la covid-19 existe mais n'a pas vraiment changé le cours de l'épidémie. Beaucoup d'expériences sont en cours, particulièrement dans la classe des anticorps monoclonaux, et jusqu'à présent un médicament, le remdesivir, un médicament antiviral, est approuvé au niveau européen. Un contrat-cadre a été passé avec l'entreprise pour assurer que les États membres puissent acheter ce médicament s'ils le souhaitent et la Commission avait acheté un grand nombre de doses afin de les distribuer aux pays membres intéressés.
Le point clef pour retrouver une vie normale est donc la vaccination. En juin dernier, la Commission a présenté une stratégie de vaccination pour accélérer la fabrication et le déploiement des vaccins contre la covid-19. Afin d'assurer l'efficacité et la sécurité des vaccins, tous les vaccins mis sur le marché européen doivent être approuvés par l'EMA. Notre stratégie proposait de travailler ensemble afin de garantir un accès rapide et équitable à tous les États membres et leurs populations. Il s'agissait de sécuriser la production des vaccins grâce à des accords d'achat anticipé avec différents producteurs pour assurer que suffisamment de vaccins soient mis à disposition des États le plus tôt possible. Nous avons par ailleurs utilisé la flexibilité réglementaire existante pour accélérer le développement, l'autorisation et la disponibilité de ces vaccins.
Depuis août 2020, environ 2,6 milliards de doses de vaccin ont été commandées auprès de six producteurs. Nous sommes toujours en négociation avec deux autres entreprises, Valneva et Novavax, qui produisent des vaccins utilisant une autre technologie et restons en contact avec d'autres entreprises qui développent des produits prometteurs.
La Commission a aussi proposé, lors d'une communication en octobre 2020, des éléments clefs à prendre en considération afin de créer des stratégies de vaccination contre la covid-19. Cette communication insistait sur l'utilité et l'urgence de prioriser les groupes de population. En janvier 2021, une troisième communication liée à la vaccination indiquait des buts à atteindre, par exemple que des professionnels de santé soient vaccinés assez rapidement et que 80% des personnes âgées 80 ans ou plus soient vaccinés. Il faut aussi qu'un certain pourcentage de la population adulte européenne soit vacciné afin d'atteindre un niveau de protection suffisant.
Depuis la fin de l'année 2020, des variants du virus SARS-CoV-2 se sont propagés dans le monde. Différentes souches sont devenues dominantes, comme la souche isolée au Royaume-Uni en 2020. Ils posent de gros problèmes car ils ont des caractéristiques biologiques légèrement différentes de la souche d'origine (Wuhan). La transmission est plus rapide, plus agressive et ces variants occupent vraiment le terrain dans tous les États membres de l'Union européenne. Nous pensons donc que le séquençage pour détecter ces variants devrait être augmenté le plus vite possible afin d'avoir un dépistage plus efficace et plus détaillé.
Durant l'année dernière, nous n'avons peut-être pas travaillé de manière optimale sur plusieurs points., mais il faut prendre en compte qu'il s'agit d'une pandémie complexe et sans précédents. Il est vraiment important de tirer des leçons de la pandémie afin de corriger ce qui peut l'être. Au mois de septembre 2020, la Présidente von der Leyen a proposé de construire une Union européenne de la santé plus forte, de renforcer la préparation et la réponse de l'Union européenne aux graves menaces sanitaires transfrontalières et de mettre en place une nouvelle structure pour faire avancer la recherche biomédicale et soutenir nos capacités de préparation et de réponse aux crises sanitaires. Dans ce contexte, la Commission a présenté un paquet de propositions législatives en novembre 2020, en particulier le renforcement du rôle des agences principales de l'Union européenne, l'ECDC et l'EMA.
Comme la collaboration n'a pas très bien fonctionné à l'échelon de l'Union européenne, il faut mettre en place des propositions fortes mais il faut aussi travailler pour avoir des systèmes de santé plus résilients et être mieux préparés aux futures crises qui se produiront certainement. Il faut que nos interventions soient mieux anticipées, que nous ayons une meilleure base d'informations, surtout en ce qui concerne la prévision et la surveillance, que nous ayons de meilleurs systèmes de dépistage et de suivi des contacts puisque cela pose toujours problème au-delà d'un certain niveau d'épidémie. Nous devons être mieux préparés à tous les niveaux, pas seulement au niveau sanitaire. La coopération doit être améliorée à l'échelon national mais aussi à l'échelon européen. Surtout, nous devons éviter le manque d'équipements de protection et de produits critiques de réponse
Il a aussi été proposé de renforcer les agences européennes, en particulier l'ECDC et l'EMA. Ces propositions sont en cours de négociation entre les États membres au Conseil mais nous avons sans conteste besoin d'une meilleure coopération au sein de l'Union européenne. La création d'une agence de préparation de la réponse aux urgences sanitaires a été proposée. Nous développons actuellement une proposition de la Commission dans ce sens.
Cette nouvelle autorité devrait s'occuper de tous les éléments importants en cas de crise, à commencer par l'amélioration du développement des médicaments, des vaccins et des solutions biomédicales pour mieux répondre aux urgences sanitaires. Elle devrait être capable de produire et développer des solutions, à la fois sur le plan médical et sur le plan non médical. Cette nouvelle autorité, qui sera nommée HERA (Health Emergency Response Authority) si sa création est acceptée, succèdera à la structure HERA Incubator destinée à contrôler les variants. Les objectifs sont donc, dans l'immédiat, de faire face à la menace des variants et d'intensifier la production industrielle des vaccins et, à plus long terme, de disposer d'un précurseur de la future autorité européenne de réponse en cas d'urgence sanitaire, HERA.
Nous travaillons actuellement sur les moyens d'intensifier la détection des variants, surtout des trois variants qui circulent le plus mais aussi des variants inconnus. La Commission va y consacrer 200 millions d'euros.
Nous agissons aussi ensemble pour avoir des vaccins adaptés, qui fonctionnent bien y compris contre les variants.
Même si nous n'en sommes pas sûrs, nous avons des indications selon lesquelles la covid-19 deviendra endémique, c'est-à-dire que le virus restera parmi nous, provoquera peut‑être des crises temporaires et exigera d'avoir des vaccinations de rappel régulières. Il apparaîtra également de nouveaux variants. Il faut donc rester vigilant et continuer à investir dans la production et le développement des vaccins et des traitements, et dans le même temps, respecter des mesures sociales et de santé publique.
Il faut aussi investir plus dans la numérisation, pour le dépistage mais aussi dans toutes sortes de communications entre les différents secteurs de préparation et de réponse. Nous devons également investir dans nos capacités à être mieux préparés aux futures crises sanitaires. Cela se fait par une meilleure anticipation mais surtout par une meilleure coopération à tous les niveaux pour que nous soyons plus rapides et plus forts dans les réponses, de façon à éviter des conséquences aussi graves que celles que nous voyons aujourd'hui avec la covid-19.