Merci de me donner l'occasion de m'exprimer devant votre belle commission. Je salue la cohérence, la détermination et l'opiniâtreté d'André Chassaigne sur ce sujet des retraites agricoles. Il rend ainsi justice aux hommes et aux femmes qui nourrissent notre pays.
Chez moi, en Normandie, on n'est pas des causeux, pas des diseux. On n'a pas pour habitude de se plaindre de sa condition – on est occupé à faire vivre l'exploitation, et c'est difficile. André Chassaigne a d'ailleurs rappelé que ce qui plongeait les aides familiaux et les conjointes de chefs d'exploitation agricole dans cette trappe à retraites de misère était souvent l'absence de prix rémunérateurs, qui perdure.
Sa proposition n'est pas rien : elle touche 129 000 pensionnés ayant le statut de conjoint, 204 000 ayant celui de membre de la famille et 394 000 veuves et veufs – c'est vous dire si son impact est déterminant. Mais la démarche d'André Chassaigne est comme toujours empreinte de beaucoup de pragmatisme. Sa proposition évite le « tout ou rien » et je vous invite à ne pas trop l'abîmer, car elle a fait l'objet d'une approche sérieuse, solide et compatible avec les moyens mobilisables.
En partant d'un constat partagé, celui de la complexité du régime des retraites des non-salariés, qui génère des pensions faibles, elle actionne plusieurs leviers : la révision des conditions d'attribution de la PMR, afin d'harmoniser et de rehausser le minimum des pensions, l'ouverture du dispositif de CDRCO aux personnes ayant eu la qualité d'aide ou de conjoint, et enfin la limitation dans le temps du statut de conjoint, qui semble faire consensus.
J'insiste, au nom du groupe communiste : sur ces sujets, la République qui prend soin, la République qui protège, la République qui n'oublie personne a vocation à produire des symboles et des actes de reconnaissance, de justice et de réparation des injustices qui ont frappé ces femmes et ces aides qui font fonctionner les fermes. Ce n'est pas parce que la présente proposition ne traite pas le cas des conjoints des autres indépendants qu'il faut refuser ce premier pas. J'espère que le débat qui s'engage nous permettra de faire prospérer cette belle et généreuse proposition du président du groupe communiste.