Intervention de Martine Wonner

Réunion du mercredi 9 juin 2021 à 15h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartine Wonner :

Madame la ministre, on constate une augmentation de la précarité dans laquelle les jeunes sont plongés. Vous êtes alertée chaque semaine sur la situation des jeunes, et les députés reçoivent des retours de terrain illustrant les chiffres malheureusement éloquents que nous connaissons tous.

Et pourtant, il convient de les rappeler ici : la moitié des personnes pauvres de notre pays ont moins de 30 ans et 20 % des étudiants sont et restent dans une situation de précarité extrême. Ne nous méprenons pas, la crise sanitaire n'est pas la genèse de cette précarité ; elle l'a cependant très fortement accentuée.

La décision a été prise, dans la gestion de la crise sanitaire, de sacrifier la jeunesse. Nombre de voix s'élèvent sur les conséquences négatives de ce choix, actuelles et à venir. Les universitaires alertent quant aux conséquences sur la formation, les soignants sur les conséquences psychiques. D'autres professionnels, comme le directeur de l'Observatoire des inégalités, soulignent que les jeunes subiront l'essentiel des retombées économiques de la crise sanitaire.

Alors, oui, vous avez décliné certaines politiques en faveur de la jeunesse pour l'aider à sortir de la précarité. Je pense à la garantie jeunes, qui en aide un certain nombre sans pour autant, me semble-t-il, être à la hauteur de l'ampleur de la précarité actuelle. Ses conditions limitatives la rendent peu adaptée et, le dispositif étant peu connu, le taux de non-recours est important.

Le plan « 1 jeune, 1 solution » permet d'entrevoir des effets positifs sur le court terme concernant l'insertion des jeunes, mais pose néanmoins question dans une perspective plus longue. Quant au « chèque psy », cette mesure de saupoudrage est l'illustration d'une incompréhension totale de ce qu'est la souffrance psychique des jeunes adultes.

Ces mesures ne sont pas satisfaisantes pour traiter une précarité globale et ancrée. Qu'en est-il de la proposition d'un revenu de solidarité active (RSA) pour les 18-25 ans, qui est pourtant impératif pour traiter la précarité actuelle ? Quid des retours quant à une future réforme du chômage ? Le Gouvernement serait-il en train d'allonger la durée nécessaire de travail, négligeant cette grande difficulté générationnelle de recherche d'emploi et de survie ?

Madame la ministre, quand le Gouvernement cessera-t-il de considérer nos jeunes comme une variable d'ajustement ? Quand allez-vous comprendre que les jeunes ne sont pas seulement des tributaires ? Nous leur sommes tributaires, nous devons engager des politiques publiques fortes priorisant les jeunes sur le moyen et le long terme.

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