Intervention de Adrien Quatennens

Réunion du mercredi 9 juin 2021 à 15h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAdrien Quatennens :

Madame la ministre, il y a quelques jours, sur un plateau de télévision, votre collègue Bruno Le Maire déclarait qu'il n'y avait pas eu de casse sociale. Alors, quand on regarde la carte de France des plans sociaux qui se noircit, je ne sais pas comment on peut appeler cela ! En 2020, on a compté quelque 320 000 destructions d'emplois privés. La situation est très dure socialement et générera une hausse des dépenses pour l'assurance chômage.

Votre réforme de l'assurance chômage poursuit donc un objectif inavoué, celui de faire des économies, puisque vous savez que de plus en plus de gens doivent y avoir recours.

Depuis janvier 2021, environ 7 millions de personnes sont inscrites à Pôle emploi. On parle régulièrement de 300 000 emplois non pourvus, pouvez-vous préciser ce chiffre ? En tout cas, il est sans proportion face au nombre d'inscrits à Pôle emploi. Autrement dit, si tout le monde occupait un emploi non pourvu, il resterait encore une masse considérable de chômeurs.

La réforme de l'assurance chômage poursuit donc l'objectif de rendre plus difficile l'accès à l'indemnisation, ou de diminuer les indemnités. Les calculs de l'UNEDIC sont clairs : la baisse moyenne s'établira à 17 % pour 1 500 000 chômeurs. Nous vous demandons d'y renoncer, car on sait qu'il n'y a pas de corrélation entre le niveau d'indemnisation du chômage et le retour à l'emploi : c'est plutôt du côté de la création d'emplois pérennes qu'il faut regarder. De ce point de vue, vous dites vouloir absolument lutter contre le recours aux contrats courts. Mais si vous voulez vraiment faire du CDI la règle et du CDD un recours exceptionnel, pourquoi ne pas instaurer des quotas par entreprise, modulables selon leur taille ?

Enfin, on entend parler du retour de la réforme des retraites. Dans un contexte de chômage de masse, le premier effet d'un allongement de la durée du temps de travail dans la vie par le recul de l'âge de départ serait un accroissement du chômage aux deux extrémités de la vie active : pour les seniors et pour les jeunes qui veulent s'insérer dans l'emploi.

Enfin, si nous voulons vraiment lutter contre le chômage de masse et si le marché de l'emploi ne répond pas à cet objectif, que pensez-vous des expérimentations lancées dans plusieurs pays sur la garantie d'emploi ? L'État propose alors en dernier ressort aux chômeurs volontaires un emploi correspondant à des tâches qui ne sont pas couvertes par le marché de l'emploi – car selon notre thèse, il y a beaucoup de travail, beaucoup de tâches à accomplir, et trop peu de créations d'emplois pérennes. Je voudrais connaître votre avis sur ce mécanisme de garantie d'emploi.

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