Intervention de Mireille Robert

Réunion du jeudi 10 juin 2021 à 10h00
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMireille Robert, référente de la commission pour l'Institut national du cancer :

Monsieur le président, en vous recevant, j'ai une pensée pour tous les malades et, en particulier, pour Axel Kahn, le président de la Ligue contre le cancer, qui a annoncé sa maladie avec un courage exemplaire. Je pense aussi à nos collègues Jean-François, Marielle et François, emportés par une maladie que vous connaissez bien.

En 2016, vous avez été appelé à succéder à Agnès Buzyn et avez connu, depuis lors, cinq années d'activité intense. Le Gouvernement envisage à présent votre reconduction. Je me rappelle la belle phrase que vous aviez prononcée à la fin de la présentation de votre parcours : « Voilà pour l'individu, mais l'individu est souvent le moins important ; l'important, c'est l'adversaire, dans cette situation particulière. » Je tiens quand même à vous dire qu'il est des individus avec lesquels nous pouvons partir sereins au combat. Vous avez de ce point de vue mon plein soutien en matière de lutte contre le cancer.

L'adversaire, ce sont plus de mille nouveaux cas par jour. Le cancer est l'une des maladies civilisationnelles les plus inquiétantes, parce qu'au-delà de la maladie que l'on doit affronter, il y a aussi le regard de la société sur le malade, qui pèse très lourd.

En tant qu'ancienne malade ayant guéri d'un cancer et ayant eu l'honneur d'être nommée récemment administratrice de l'INCa, je veux insister sur l'espoir qui existe désormais, non seulement de guérir, mais de mener une vie active après le cancer. Cela fait partie du changement de regard nécessaire sur la maladie.

Nous devons, vous comme nous, organiser les conditions d'une lutte efficace et d'un espoir pour le plus grand nombre possible de patients. Le Président de la République a dévoilé le 4 février dernier, à l'occasion de la journée mondiale contre le cancer, la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, qui a été préparée par l'INCa en vertu de la loi du 9 mars 2019. La stratégie sera dotée de 1,74 milliard d'euros, soit une augmentation de près de 20 % par rapport au précédent plan cancer 2014-2019. Cet engagement inédit de la France dans la lutte contre les cancers s'ajoutera à l'engagement de la Commission européenne du 3 février 2021.

La stratégie poursuivra quatre objectifs principaux : réduire de 60 000 par an le nombre de cancers évitables à l'horizon 2040 ; dépister 1 million de personnes de plus par an, à partir de 2025 ; réduire de deux tiers à un tiers la part des patients souffrant de séquelles cinq ans après le diagnostic ; augmenter significativement le rythme de progression du taux de survie des cancers de plus mauvais pronostic à l'horizon 2030.

En matière de recherche, on parle beaucoup de la vaccination contre un certain nombre de cancers. Des essais cliniques ont commencé à Toulouse ; comment l'INCa peut-il les accompagner ? L'ARN messager, que le grand public a découvert dans le contexte de la lutte contre la covid-19, est-il une piste sérieuse ? Comment le chercheur-praticien et président de l'INCa que vous êtes voit-il cette évolution pour l'établissement ?

Le budget dédié à la stratégie nationale connaîtra une hausse de 20 %. Comment pensez-vous orienter ces fonds ? Quelle part reviendra à la recherche et aux autres missions de l'INCa ?

L'INCa est un acteur majeur de la prévention ; il joue un rôle important de coordination. Dans mon département de l'Aude, j'ai lancé un partenariat avec l'association pour adultes et jeunes handicapés et le centre régional de coordination des dépistages du cancer en Occitanie, pour améliorer l'accès à la prévention des personnes porteuses d'un handicap moteur, mental ou psychique. Il s'agit d'une initiative locale pour des populations souvent ignorées par les politiques de prévention.

En modifiant nos comportements individuels, nous pourrions éviter 40 % des cancers. On peut agir sur l'exposition des travailleurs à des conditions de travail ou à des produits cancérigènes. Il faut se pencher sur les liens entre nos façons de produire, ce que nous consommons, notre santé et le traitement de la nature. Quelles actions envisagez-vous pour lutter contre les cancers liés à l'environnement dans les cinq ans à venir ?

Au-delà des recherches sur les traitements, quelles actions de prévention faut-il engager pour les cancers de mauvais pronostic ?

Il y a enfin deux sujets essentiels pour les malades ainsi que pour leur famille et les aidants. D'une part – dans le contexte du débat sur la bioéthique –, quel rôle l'INCa peut-il jouer pour améliorer la vie pendant le traitement ? D'autre part, alors que l'avenir est à l'augmentation des taux de guérison, que peut faire l'institut pour accompagner les patients après le cancer ?

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