Notre but est de dresser un bilan d'étape de la réforme des études de santé mise en place à la rentrée 2020 dans toutes les universités. Dans le cadre de la loi « Ma santé 2022 », nous avons fait le choix en 2019 de revoir de fond en comble les études de médecine, notamment l'accès au concours de médecine, maïeutique, odontologie et pharmacie. Le PASS et les LAS ont remplacé la PACES.
Je rappelle que cette réforme des études de santé poursuivait un triple objectif : diversifier le profil des étudiants en santé ; éviter la perte sèche de deux années d'études pour des jeunes ayant obtenu de bonnes notes tout en échouant deux fois au concours ; augmenter le nombre de praticiens de santé en supprimant le numerus clausus.
Il est vrai que la mise en place de cette réforme a été quelque peu chaotique, notamment du fait de la crise sanitaire. Si vous êtes présent ici aujourd'hui, monsieur le président, vous le devez aussi aux nombreux témoignages poignants des étudiants et de leurs parents qui se sont adressés aux députés que nous sommes.
Face à cette année particulièrement chaotique, le Gouvernement a octroyé 1 750 places supplémentaires, réparties nationalement dans toutes les universités. Les universités étant autonomes, il leur revient de mettre en place cette réforme des études de santé selon les modalités qu'elles souhaitent. Or il semble que toutes les universités n'aient pas envie d'ouvrir leurs portes et d'appliquer cette réforme. Par exemple, dans mon département de la Moselle, qui se trouve en sous-densité médicale, l'université de Lorraine n'a ouvert aucune place en numerus clausus tandis que le numerus apertus n'a même pas été atteint : le nombre d'étudiants en 2020 est exactement le même qu'en 2015. De plus, sur les quarante places supplémentaires finalement « arrachées » et octroyées à l'université de Lorraine, seules trois étaient destinées aux étudiants de médecine.
Comment peut-on expliquer aux étudiants et à leurs parents que cette faculté ne prévoie en 2021 que trois places supplémentaires pour les étudiants lorrains dans le cadre de réforme des études de santé alors qu'à l'échelle nationale, ce sont 1 750 places qui sont créées ? Comment peut-on expliquer une telle attitude aux collectivités locales, à la ruralité et aux départements en sous-densité médicale qui attendent les stagiaires et les professionnels de santé dont ils ont besoin ?
Je suis d'accord pour que les universités soient autonomes. Cependant, il ne s'agit plus d'autonomie dans ce cas mais d'une forme de rébellion, de mépris ou d'indifférence. Cette attitude témoigne surtout de la non-application d'une réforme qui était pourtant attendue par tous.