Intervention de Perrine Goulet

Réunion du mercredi 16 juin 2021 à 9h30
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPerrine Goulet :

Je vous remercie de ce premier retour d'expérience. Alors que la réforme a été mise en place au mois de septembre, des améliorations sont aujourd'hui nécessaires. Je suis quelque peu rassurée de constater que les bonnes questions sont posées. Je pense que 2021 constitue une année de test, voire de crash test, et que nous devons vraiment changer la donne.

Sur le fond, nous avons entendu parler de nombreux écueils en PASS et LAS qui seraient liés au poids de la mineure choisie. Certaines mineures demanderaient beaucoup plus de travail que d'autres. Cette situation pourrait remettre en cause le bénéfice attendu de cette réforme, le bouche-à-oreille conduisant les étudiants à fuir certaines mineures.

Vous avez indiqué votre souhait de voir le nombre de places de formation proposées ne pas dépasser les 10 000. Pour ma part, je ne partage pas ce point de vue. Comme nous le constatons dans nos territoires, les jeunes médecins n'ont pas la même pratique que leurs prédécesseurs : alors qu'autrefois, un médecin travaillait 18 ou 20 heures par jour et était joignable à toute heure et tous les jours, ces jeunes professionnels – et nous pouvons le comprendre – aspirent à une vie de famille et cherchent à travailler plutôt 35 heures par semaine, voire moins.

En outre, de nombreux médecins en sortie d'études, principalement des femmes, n'exerceront pas et ne s'installeront pas en tant que médecins généralistes parce qu'il existe d'autres débouchés, comme la médecine du travail ou les laboratoires.

Dans ces conditions, il me semble nécessaire d'aller au-delà des 10 000 places.

Vous avez évoqué des problèmes de disponibilité de formation ; Comme l'ont dit mes collègues, un tel propos ne peut être entendu. Dans nos territoires, certains médecins qui pourraient exercer le rôle de tuteurs ne se voient affecter dans les faits aucun étudiant car il s'agit de territoires ruraux, éloignés de la métropole où sont formés les jeunes médecins. De surcroît, leurs professeurs, parce qu'ils souhaitent les garder dans les centres universitaires, leur déconseillent de venir dans ces territoires. Un changement de paradigme est donc nécessaire sur la vision de nos territoires et sur la richesse que nous pouvons apporter à ces jeunes médecins. Que faire, monsieur le président, pour changer cet état de fait, pour que nous puissions former plus de médecins, pour que ces médecins viennent exercer dans nos territoires tout en ayant une pratique qui leur convient ?

La question des interrégions se pose également. Les médecins en formation se voient en effet empêchés d'aller d'une région à une autre. Sachant que 60 % des médecins s'installent dans la dernière ville où ils ont effectué leur formation, il est plus qu'urgent de réorganiser ce système.

Il est difficile pour nous d'entendre qu'il est impossible de former plus de médecins faute de places. Ces places existent bel et bien dans nos territoires. Alors venez dans nos territoires !

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