La crise sanitaire que nous traversons a mis en lumière un grand nombre de dysfonctionnements connus depuis plusieurs décennies dans le domaine de la santé, notamment en ce qui concerne les médicaments. Concentration de la production des principes actifs en Inde et en Chine, concurrence au prix d'achat entre pays, ruptures de stock de médicaments de plus en plus nombreuses au fil des ans, tous ces phénomènes génèrent des situations inacceptables qui peuvent conduire les malades à voir leur état de santé se dégrader. Ces problématiques doivent nous interroger collectivement et des pistes d'amélioration doivent être proposées. C'est ce que présente ce rapport et je tiens à saluer les nombreuses pistes de réflexion développées.
Il s'avère indispensable aujourd'hui de repenser notre modèle en matière de recherche pharmaceutique, de redonner plus d'indépendance à la France sans pour autant nous enfermer dans des logiques nationalistes et de mettre en place des solutions pour lutter contre les pénuries de médicaments. À ce titre, la chaîne d'approvisionnement du médicament doit impérativement être sécurisée et de nouveaux modèles de production inventés.
Il est vrai que la politique industrielle dans un secteur comme l'industrie pharmaceutique ne peut se concevoir uniquement au niveau national mais certains problèmes sont tout de même tout à fait spécifiques à la France. Notre pays peine à conserver son rang en raison, entre autres, de nombreuses et importantes questions éthiques, du niveau élevé des taxes et des réglementations ainsi que des relations difficiles avec les pouvoirs publics. Le déclassement de la France en matière de recherche et d'innovation et le déclin de la production pharmaceutique sont tout aussi alarmants. La crise de la covid‑19 doit nous permettre de desserrer les contraintes inutiles qui privent notre pays d'entrer pleinement dans le jeu de la compétitivité mondiale.
Parallèlement, nous notons la nécessité d'une meilleure coordination et d'une gouvernance forte mais simplifier avec les instances européennes, notamment avec la création d'une agence européenne sur le modèle des agences américaines en alliant les trois piliers essentiels que sont ressources, financement et souplesse.
À l'heure actuelle, les projets Horizon Europe et le Conseil européen de l'innovation sont des pistes intéressantes mais à travailler. Il ne faut pas perdre de vue que ces outils sont concentrés sur l'innovation qui n'est qu'une part de la politique industrielle.