Comment s'assurer que la parole de l'enfant est portée ? Si le juge des enfants est là pour statuer sur la protection de l'enfant, il a aussi pour rôle de se prononcer sur la situation de la famille et les conditions de son accompagnement. Il ne me paraît pas si évident que le juge doive être le porteur de la parole enfantine. Tel pourrait être le rôle de l'avocat.
Je voudrais invoquer un second argument, en m'appuyant sur un exemple. Il y a quelques années, j'avais communiqué au juge des informations détaillées, préoccupantes, au sujet d'une famille présentant des carences éducatives très importantes. J'étais extrêmement inquiète, au même titre que les assistants sociaux. La philosophie de ce juge des enfants était d'accorder la priorité à la préservation du lien entre les enfants et leur famille. Certes, il avait pris une mesure d'assistance éducative en milieu ouvert (AEMO), mais ce n'était pas suffisant au regard du comportement des enfants, qui se mettaient véritablement en danger. Nous avons eu très peur. Le juge n'entendait pas les nombreuses alertes que nous lui adressions. Lorsqu'un magistrat estime que le maintien du lien familial prévaut sur tout, on peut se demander si la présence d'un avocat n'est pas nécessaire.