Je le maintiens parce qu'il ne concerne pas ce qui se passe en amont, au moment du recueil de la parole, mais ce qui se passe en aval, au moment où il est avéré que l'enfant a été victime de violences. J'ai déjà défendu cet amendement à l'occasion de l'examen d'un autre texte : si c'est le juge qui choisit, m'a‑t‑on répondu, cela permet à l'enfant de dédiaboliser sa parole vis-à-vis de ses parents. Or certains enfants disent clairement qu'ils ne veulent pas revoir leurs parents. Mais on leur dit que c'est mieux pour eux, que les adultes savent mieux ce qui est bon pour eux, qu'ils n'ont pas le discernement nécessaire pour savoir ce qui leur convient.
Bien souvent, on oblige l'enfant, qui vit dans une famille d'accueil, à voir ses parents lors d'une visite médiatisée. Il en revient complètement détruit et c'est reparti pour un nouveau cycle, jusqu'à la prochaine fois. Ce n'est pas seulement une question de formation. Il faut dire au juge que la parole de l'enfant est sacrée : lorsqu'un enfant qui a été reconnu comme victime de violence dit ne pas vouloir revoir son parent, on doit attendre qu'il y soit prêt. Ce n'est pas le cas aujourd'hui.