Intervention de François Trinquet

Réunion du mercredi 6 décembre 2017 à 16h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

François Trinquet, délégué syndical CFDT d'établissement et membre titulaire du comité central de l'entreprise Alstom Power Systems SAS :

Je suis représentant local de la CFDT dans un établissement de Massy qui fait du contrôle-commande pour tous les types de centrales. Je siège également au comité central d'établissement d'une entité française qui regroupe les activités vapeur, contrôle-commande et nucléaire. J'en terminerai avec quelques mots sur les annonces qui viennent d'être faites au sujet des projets de restructuration qu'envisage M. Flannery pour la branche européenne de GE.

Avant-hier donc, la direction des relations sociales Europe de GE a annoncé devant le comité d'entreprise européen (IRS) la suppression de 4 551 postes en Europe sur le seul périmètre des activités ex-Alstom, ainsi que la fermeture de sites de production des entités de GE « Gaz Power » et GE « Grid Solutions ».

La France semble épargnée par ces annonces, du moins directement, mais croire que chaque maillon de la chaîne est indépendant est illusoire. Cette deuxième vague de suppressions de poste touche environ 25 % des emplois en Europe, plus particulièrement dans le domaine de la production mais également dans l'ingénierie, les services et la R&D. C'est le coeur de nos activités qui est systématiquement attaqué, comme cela avait été le cas le cas lors du précédent plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) qui a touché la France.

Une fois passée l'échéance des trois ans, la France sera touchée à son tour, car elle ne pourra tenir l'objectif des résultats financiers exorbitants requis chaque trimestre par les dirigeants de GE. De plus, si la France devrait être épargnée en 2018, compte tenu de l'accord de 2014, qu'adviendra-t-il en 2019 ? C'est cette incertitude qui rend impératif à nos yeux le fait qu'un nouvel accord soit signé entre l'État et GE, impliquant cette fois-ci les syndicats représentatifs.

Par ailleurs, le comité européen de GE « Power Conversion » tient en ce moment même une séance extraordinaire pour acter une procédure de restructuration, qui va se traduire par la fermeture de deux sites, l'un à Berlin, en Allemagne, et l'autre à Rugby, en Angleterre, et la suppression de 1 042 postes en Europe.

Dans ces conditions, IndustriAll, la Fédération syndicale européenne de l'industrie demande à GE la tenue d'une réunion générale au niveau européen ; la CFDT demande pour sa part à la représentation nationale et au Gouvernement d'interpeller la Commission européenne sur la problématique de l'énergie en Europe, secteur dans lequel GE emploie 95 000 personnes. Nous demanderons également au Parlement européen de se saisir de la question.

La CFDT propose enfin que les organisations syndicales puissent contribuer aux actions et aux discussions en cours sur la transition énergétique, sur la création des mille emplois promis ainsi que sur le futur accord souhaité par Bercy.

Au vu de l'enjeu que constitue l'énergie au niveau national et en Europe, il est paradoxal que GE, qui dispose de toutes les capacités d'un ensemblier et d'un fournisseur de produits de première importance – turbines à vapeur, turbine à gaz, alternateurs, etc. –, gagne de l'argent mais licencie, supprime des outils de production et de réalisation de projets, ce qui, in fine, aura nécessairement un impact négatif sur ses marges. Nous ne pouvons qu'en conclure que la stratégie de GE est une stratégie de court terme, uniquement dirigée vers la valorisation des dividendes et extrêmement dangereuse à tous égards.

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