Intervention de Rosa Mendès

Réunion du mercredi 6 décembre 2017 à 16h00
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Rosa Mendès, membre CGT de l'intersyndicale GE « Hydro » :

L'atelier de Grenoble est essentiellement dédié à la fabrication de turbines très techniques, que nous avons l'habitude d'appeler dans notre jargon des « moutons à cinq pattes ». Les produits plus « classiques », qui sont issus de technologies plus mûres – même si chaque projet est unique –, peuvent en revanche être fabriqués en Inde ou en Chine. En tout état de cause, l'entreprise est libre d'ajuster sa charge et de la répartir dans ses différents ateliers. Mais dès lors que nous fabriquons à Grenoble des produits nécessitant beaucoup d'heures de fabrication et de suivi et que les coûts fixes restent les mêmes, si nous ne rentrons pas aussi des produits plus standards, le rapport économique n'est pas aussi viable à Grenoble qu'en Inde ou en Chine, où on fabrique très rapidement un grand volume. La charge dépend donc de la stratégie de l'entreprise. En outre, les nombreux produits fabriqués en Inde ou en Chine qui posent des problèmes de non-qualité sont rapatriés dans l'atelier de Grenoble et c'est sur ce site que sont imputés les coûts de non-qualité. Les données financières fluctuent et tout dépend sur lequel des centres d'activités les coûts sont affectés. Lorsque nous interrogeons la direction pour avoir une répartition la plus claire possible de ce qui est affecté à Grenoble, en Inde ou en Chine, il nous est difficile d'avoir le détail. On nous dit que la charge est la même partout mais il y a des faits que nous, organisations syndicales, n'arrivons pas à nous expliquer. Ainsi, comment est-il possible qu'un atelier dont les machines sont amorties depuis des années ait un taux horaire aussi important que d'autres plus récents ? De plus, ces derniers temps, ce taux horaire a extrêmement augmenté à Grenoble et simultanément – peut-être est-ce une coïncidence ? –, il a baissé à Baroda en Inde. Bref, nous nous posons beaucoup de questions sur ces plans de charge.

On dit qu'il n'y a pas de marché européen mais d'après les rapports d'experts, il y a un pour quelque 450 millions d'euros en 2018. Certes, il y a aussi un marché en Chine mais on ne peut pas s'affranchir du marché européen D'ailleurs, pourquoi le ferait-on ? General Electric est un marché centenaire et nous sommes présents à l'export depuis les années 1940-1950 ? Nous n'avons jamais concentré toute notre activité seulement sur la France. Aujourd'hui, on nous juge sur le seul marché français alors que le plan social est fondé sur une vision globale. C'est incompréhensible. Pour comparer ce qui est comparable, il faut tout analyser au plan global. On ne peut pas parler d'un taux horaire très cher en France et prétendre qu'il n'y a pas de charge et, en même temps, ne faire fabriquer dans notre pays que ce qui coûte très cher. Il faut rétablir l'équilibre si on veut vraiment faire des comparaisons pertinentes.

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