Madame Chapelier, merci pour la justesse de vos mots sur le mal‑être des sages‑femmes et la volonté exprimée de pratiquer des accouchements plus naturels. Je vous remercie aussi pour cette proposition de loi sur la formation que, sans nul doute, nous approuverons.
Le cursus est très chargé et le taux d'abandon en cours de formation, considérable. Passer de cinq à six années paraît une nécessité, mais qui, à l'issue de six années de formation, acceptera un salaire de 2 000 euros – et encore moins pour les sages‑femmes en libéral ? Qui, surtout, acceptera, et c'est ce qui mine le plus le métier, le sentiment de mal faire son travail, de vivre l'angoisse de la course contre la montre pour ce qui devrait être, sinon un instant magique – car il y a aussi de la douleur –, du moins le moment exceptionnel des premiers instants de la vie de l'enfant et de l'accouchement pour la maman ? C'est pourtant ce qu'elles vivent au quotidien, ce qui explique leurs manifestations dans la rue et la mobilisation d'un quart de la profession.
À l'instar de l'Ordre national des sages‑femmes, je regrette que l'objet de la proposition soit passé de l'évolution de la profession à l'évolution de la formation, ce qui marque un rétrécissement de l'ambition. Je regrette aussi qu'une phrase concernant le taux d'encadrement des accouchements ait disparu de l'exposé des motifs, car c'est le cœur du problème. Le Collège national des sages‑femmes, le Collège national des gynécologues et obstétriciens et la Société française de pédiatrie réclament un taux d'encadrement nettement supérieur pour pouvoir revenir à un accouchement plus naturel, avec la sage‑femme en première ligne.
Il faut bien davantage faire évoluer le statut et les revenus des sages‑femmes, et je regrette l'étroitesse du texte, même si je peux la comprendre s'agissant d'une proposition de loi. En revanche, je ne comprends pas pourquoi nous l'examinons en procédure simplifiée, alors que nous devons nous en faire le plus possible l'écho pour en faire ressortir des thèmes qui doivent être débattus dans l'hémicycle.