L'emploi des seniors est un sujet crucial qui mérite une ambition publique renouvelée. La mission d'information de la commission des affaires sociales a montré qu'il s'agissait d'un angle mort des politiques publiques, alors que la situation des travailleurs dits expérimentés s'est progressivement fragilisée sur le marché du travail. Celle-ci est liée aux mesures prises ces dernières années pour retarder le départ à la retraite : suppression du dispositif de préretraite dans le public, recul progressif de l'âge légal, augmentation de la durée de cotisation pour disposer d'une pension à taux plein. Là réside aussi une partie de la solution.
Les salariés doivent travailler plus longtemps mais les employeurs se montrent toujours plus réticents à embaucher des seniors. Résultat, en 2017, le taux d'emploi des 55‑64 ans en France était nettement inférieur à la moyenne des pays de l'Union européenne, et les travailleurs expérimentés sont surreprésentés parmi les chômeurs de longue et très longue durée. Ajoutons que près d'un retraité sur deux n'est plus en activité au moment de son départ à la retraite.
Devant ces constats, les mesures contenues dans cette proposition de loi nous semblent manquer d'ambition, restant incitatives et peu contraignantes pour les employeurs. L'instauration d'un label pour les entreprises exemplaires en matière d'emploi des seniors et d'un index « Dynamique des âges », sans déboucher sur des mesures, tient plus de la distribution de bons points que de la lutte effective contre les discriminations à l'embauche dont sont victimes les travailleurs expérimentés.
Nous avons également du mal à percevoir l'utilité d'un entretien de mi‑carrière à 45 ans – âge d'ailleurs discutable pour situer la mi‑carrière et le début de la fin de carrière –, alors qu'existe déjà un entretien professionnel obligatoire tous les deux ans.
Enfin, nous sommes opposés à l'article 5 visant à développer le cumul emploi‑retraite. Ce dispositif va à l'encontre du partage du temps de travail et incite les travailleurs à travailler toujours plus longtemps au détriment de leur santé pour compléter parfois une faible pension. Il se retournerait contre les seniors privés d'emploi.
D'autres propositions inverses auraient mérité d'être débattues, que je formulerai ultérieurement.