Concernant la situation financière des administrations de sécurité sociale, nous pouvons distinguer deux périodes dans la législature. Durant la première, qui s'étend de 2017 à 2019, beaucoup d'efforts ont été consentis pour assainir nos comptes sociaux. Cette bonne tendance nous a permis de répondre aux conséquences de la crise sanitaire, qui a marqué la seconde période, sans pour autant empêcher le déficit budgétaire d'atteindre un niveau historique. Aujourd'hui, nos finances sociales sont si déséquilibrées que nous devons nous poser la question de l'avenir du système dans son ensemble. En effet, la situation n'est pas viable et nous devrons engager des réformes structurelles à l'issue de la pandémie.
L'assurance maladie devra relever deux défis majeurs : le vieillissement de la population et l'augmentation des maladies chroniques. C'est le paradoxe français que de vivre vieux mais en mauvaise santé. Seule une politique forte, qui privilégie l'anticipation et la prévention plutôt que le traitement des maladies, nous permettra de surmonter ces difficultés. Or la sécurité sociale consacre l'essentiel de ses dépenses aux soins tandis que la politique de prévention souffre de financements éparpillés, insuffisants, peu lisibles, ce qui empêche d'avoir une vision stratégique de la prévention en France. Suite à cette crise sanitaire, qui nous oblige, le moment n'est-il pas venu de nous doter d'une politique de santé publique qui privilégie une approche populationnelle à partir de déterminants de santé et bénéficie d'un financement dédié par l'intermédiaire d'un sous-objectif spécifique de l'ONDAM ?
À plus court terme, des dépenses supplémentaires pérennes ont été engagées, notamment à la suite de la nécessaire revalorisation salariale décidée lors du « Ségur de la santé », à hauteur de 10 milliards d'euros. Envisagez-vous des recettes nouvelles, des mesures d'économie ou des réformes structurelles ?
Le HCAAM a remis, le 14 janvier dernier, un rapport qui traite des différentes pistes pour réformer la relation entre l'assurance maladie obligatoire et l'assurance maladie complémentaire. Devons-nous instaurer un système unique de prise en charge des soins en supprimant les tickets modérateurs ou décroiser les domaines d'intervention de la sécurité sociale et des assurances privées ?