Intervention de Véronique Hammerer

Réunion du mardi 15 février 2022 à 21h05
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVéronique Hammerer :

À la suite de la lecture du livre de M. Castanet, plusieurs questions s'imposent. La plupart d'entre nous sont ici non pas pour juger mais pour comprendre. Le « système » des EHPAD Orpea, le modèle économique dénoncé dans le livre, qui a été créé par les dirigeants – dont vous avez fait partie –, s'appuie non pas sur l'humain ou le souci du soin et de l'accompagnement, mais plutôt sur la rentabilité.

Dès lors que vos prestations peuvent coûter jusqu'à 7 000 euros par mois environ, pourquoi conseillez‑vous à vos clients d'embaucher des « dames de compagnie » pour accompagner les bénéficiaires, comme il est écrit dans le livre ? Comment justifier ces frais supplémentaires, alors que les familles dépensaient déjà des milliers d'euros pour un service censé être de qualité, voire de luxe ?

L'auteur du livre cite le rapport de l'ancienne direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi, qui faisait état de dérives au regard du droit du travail. Certaines personnes travaillant dans les EHPAD n'avaient pas de déclaration préalable à l'embauche. Pire encore, elles signaient sous de faux noms, par exemple « France Rivel », qui revient souvent. De faux contrats de travail auraient été inventés pour bénéficier des aides de l'État et du département. Que pouvez‑vous nous dire à ce sujet ?

Enfin, vous auriez tenu des propos laissant à penser que la qualité et le bénéfice étaient pour vous antinomiques : « gérer des personnes âgées en maison de retraite, c'est exactement comme vendre des baskets. Mon but, à l'époque, c'était de vendre le maximum de baskets. Et aujourd'hui, c'est qu'on vende le maximum de journées de prise en charge. » Vous auriez également dit : « Il n'y a aucun indice de qualité, ni en France ni ailleurs, donc on s'en fout. » Si l'on en croit ces propos rapportés dans le livre, la dépendance ne serait qu'un moyen comme un autre de faire des bénéfices. Néanmoins, la possibilité de faire des marges justifie‑t‑elle à vos yeux la maltraitance ?

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