‑ Claude Brdenk. Il revient au DRH de répondre sur les questions relatives aux ressources humaines. Le groupe comptait 25 000 salariés, dont 82 % ou 85 % étaient en CDI en 2018‑2019. Personnellement, j'allais rencontrer les salariés sur le terrain et j'étais toujours à leur écoute. Je ne pense pas avoir été agressif, stupide et méchant, tel que je suis décrit dans le livre.
Vous m'avez posé de nombreuses questions relatives à l'éthique, madame Dufeu. Normalement, si tout ce qui est relaté dans le livre avait existé, il aurait dû y avoir à mon encontre des plaintes et des condamnations pour harcèlement, au cours de ma carrière. Or je n'ai jamais été condamné pour harcèlement. Cela ne répond probablement pas complètement à votre question, mais j'ai toujours été à l'écoute de ce qui se passait sur le terrain, j'ai toujours essayé de rendre concrètes nos obligations de moyens, à la fois en matière de personnels, de produits et de services.
Vous avez parlé d'appât du gain. M. Charrier l'a dit, le chiffre d'affaires d'Orpea, plusieurs milliards d'euros, n'est pas réalisé seulement en France, mais dans de nombreux pays – vingt‑trois quand j'ai quitté le groupe, un peu plus désormais, je crois –, répartis sur trois continents. Il résulte de la conjonction d'activités exercées dans cinq ou six métiers différents : maisons de retraite, cliniques, résidences‑services, aide à domicile, soins à domicile. C'est donc un chiffre d'affaires important, mais le résultat est, somme toute, assez modeste : 5 % à 7 %.
Je ne sais pas si ce résultat est bon ou non. Je ne siégeais pas au board – j'étais non pas directeur général, comme j'ai pu l'entendre ce soir, mais directeur général délégué, rattaché au directeur général ; la différence est assez importante. En tout cas, je n'ai jamais entendu de membre du board affirmer que 5 % ou 7 %, c'était trop ou pas assez. Pour ce que j'en ai compris, il était communément reconnu dans les sphères financières – que vous connaissez, manifestement – que les résultats d'Orpea étaient admissibles et compatibles avec la mission du groupe dans les pays où il était présent. J'ai entendu dire il y a quelques années que, pour une clinique en France, un résultat situé autour de 10 % était « correct » ou « acceptable ». Celui d'Orpea est entre 5 % et 7 %. Je ne sais pas comment vous répondre autrement.
J'en viens aux critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance (ESG), qui ne s'appelaient pas encore comme cela. Je vous ai parlé tout à l'heure de ce que nous avons essayé de faire pour les écoles. Pour moi, c'était une grande démarche éthique : il s'agissait de diplômer des gens qui n'avaient pas de diplômes et d'augmenter de ce fait leur salaire. Nous l'avons fait pour plusieurs milliers de personnes.
Pour les indicateurs éthiques et ESG, je vous invite à lire le document de référence. Il y en a toute une liste, le turnover étant l'un d'entre eux. Vous estimez qu'un turnover supérieur à 15 % est trop élevé ou dépasse les limites acceptables. Dans des secteurs d'activité comme l'hôtellerie, le turnover se situe autour de 20 % ; il est donc comparable au nôtre. Néanmoins, je suis d'accord avec vous : j'aurais préféré que notre turnover soit de 10 %.