Intervention de Audrey Padelli

Réunion du mercredi 23 février 2022 à 9h05
Commission des affaires sociales

Audrey Padelli, secrétaire adjointe de section de la Fédération SUD :

Santé sociaux. Comment en est‑on est arrivé là ? Parce qu'une succession de gouvernements a préféré fermer les yeux plutôt que de mettre en œuvre une vraie politique en faveur du grand âge pour protéger nos aînés. Le laxisme ainsi installé a été dévoilé par la crise sanitaire.

Une autre cause de la situation est la chasse aux sorcières contre tous les lanceurs d'alerte.

Il y a aussi un problème d'embauche : il y a eu des embauches, mais, dans les EHPAD, on recrute beaucoup dans les corps directionnels alors que l'on manque de bras soignants. Le recours aux contrats précaires arrange bien la direction. Il induit un harcèlement sournois, très difficile à identifier en tant que tel et qui entraîne un turnover néfaste pour les résidents, fragiles et en manque de repères, mais aussi pour les soignants, privés de l'esprit d'équipe dont ils ont besoin pour assurer une prise en charge correcte.

Et puis, il y a ce qu'on appelle en novlangue le lean management : on fait appliquer à l'hôpital un management prévu pour le secteur industriel. Mais nos aînés ne sont pas des marchandises, ni des pièces de voiture. Ce lean management que tous les directeurs d'hôpital et d'EHPAD ont à la bouche, lancé chez Toyota, a été appliqué chez Orange : on a vu le résultat.

Tous ces problèmes ont entraîné une véritable fuite des soignants et une perte du sens de leur travail. Personnellement, quand je vois que, dans l'institut de formation en soins infirmiers et de formation d'aides‑soignants où je travaille, on n'arrive plus à boucler des sessions d'aides‑soignants et qu'on est obligé de rappeler des personnes qui sont sur liste complémentaire ou qui n'ont même pas réussi le concours en leur disant « s'il vous plaît, venez, dans tous les cas vous aurez votre diplôme parce qu'on a besoin d'aides‑soignants », j'ai peur pour la prise en charge de demain et je n'aimerais pas être malade à l'avenir !

Pour tous ces problèmes, nous avons des solutions. Cela fait des années qu'on vous les donne. Alors on les redonne une fois de plus, en espérant que vous allez nous écouter, mais surtout nous entendre.

Il faut un plan d'embauche massif de soignants réellement formés, pour atteindre un ratio de 1 pour 1 – un ratio de soignants, pas d'administratifs. Le soignant doit faire son métier de soin, pas passer du temps devant un ordinateur. Qu'on ne lui reproche pas de ne pas avoir transmis : ce n'est pas son rôle.

Il faut aussi une véritable revalorisation salariale de tous les acteurs de la santé, pas seulement les soignants, mais aussi toutes les personnes qui permettent la prise en charge. On a de plus en plus de mal à trouver des personnes qui veulent venir travailler à l'hôpital ou en EHPAD.

Il faut également que tout le personnel accède à des formations qualifiantes et diplômantes, qui, bien souvent, sont réservées aux catégories A dans le secteur public.

Nous voudrions une reconnaissance de la pénibilité du métier de soignant. Il n'est pas normal que nos collègues proches de l'âge de la retraite doivent s'occuper de personnes invalides, grabataires. Cela résulte des différentes réformes du financement des EHPAD. Il faut donc arrêter de tirer profit des EHPAD, qui devraient être pris en charge à 100 % par l'État. Inspirons‑nous d'autres pays où les aînés n'ont pas à verser un centime pour bénéficier d'une prise en charge correcte.

La Fédération SUD‑Santé sociaux remercie Victor Castanet de son travail et de son courage, mais aussi tous les acteurs qui ont permis de rendre enfin visible notre quotidien.

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