Intervention de Dominique Chave

Réunion du mercredi 23 février 2022 à 9h05
Commission des affaires sociales

Dominique Chave, secrétaire général de l'Union fédérale de la santé privée (CGT) :

Nous avons décidé, il y a environ douze mois, de travailler avec le CICTAR pour obtenir des éléments sur les flux financiers – comme l'a souligné M. Le Noc, cela ne fait pas vraiment partie de nos prérogatives quotidiennes.

S'agissant d'Orpea, les éléments qui en résultent sont à charge, mais il ne faut pas se leurrer : si ce groupe a poussé le système à l'extrême, tout un ensemble d'acteurs ont développé quasiment les mêmes pratiques. Je pense en particulier au groupe Bridge, qui se développe avec une violence managériale extrême. Dès qu'il rachète un établissement, il supprime presque 25 % des effectifs. Nous avons énormément de remontées au sujet de ce groupe, ce qui n'est probablement sans rapport avec l'affaire Orpea – les salariés d'autres structures osent parler un peu plus.

« Cash investigation » doit également diffuser, le 1er mars, une émission consacrée aux EHPAD qui écorche d'autres acteurs, comme Korian et DomusVi. La communication de façade de Korian ne doit pas faire croire que ce groupe n'est pas concerné, comme Orpea, par des dysfonctionnements. Même si la situation n'y est pas aussi extrême, Korian n'est pas pour rien le numéro 1 en France du point de vue des implantations.

Pour ce qui est d'Arc‑en‑Ciel, je tiens à saluer Camille Lamarche, qui a travaillé en tant que juriste en alternance au siège d'Orpea, à Puteaux, pendant onze mois, durant la période où étaient organisées les élections professionnelles. Elle nous a permis d'obtenir un grand nombre d'éléments qui alimenteront notre plainte au civil, puis celle au pénal. Je remercie cette jeune femme pour son courage : il n'était pas facile de s'exprimer.

Les rapports s'accumulent, mais rien n'avance. Combien de scandales faudra‑t‑il pour qu'on finisse par se dire que les entreprises marchandes, la profitabilité, la rentabilité n'ont rien à faire dans le secteur du soin ? Dès lors que la profitabilité et la rentabilité entrent en ligne de compte, cela affecte nécessairement les conditions de travail des salariés et, in fine, les conditions de prise en charge des résidents. Il n'est plus possible de continuer avec ce modèle : on va dans le mur.

Nous avons perdu la main sur les monstres – Orpea en est un – qui ont été construits depuis des années. Orpea a 222 établissements en France et des implantations dans vingt‑trois pays. De grands groupes tels que DomusVi, Korian et Orpea se donnent la main pour s'implanter en Asie, notamment en Chine, qui est pour eux un véritable Eldorado – en effet, la prise en charge des personnes âgées y est encore à peu près similaire à la nôtre durant les années 1960, quand papi et mamie habitaient encore chez leurs enfants, et la population concernée est immense. Que ce soit en Chine ou au Brésil, ce sont toujours des grands groupes français ayant largement profité de l'argent public qui s'implantent à l'étranger.

J'ajoute à ce qu'a dit M. Le Noc que les fortunes des dirigeants des groupes de maisons de retraite se sont constituées en relativement peu d'années. La création d'Orpea, par exemple, date de 1989.

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