Pourquoi, nous a‑t‑on demandé, les faits rapportés ne sont‑ils pas dénoncés par les salariés, notamment par les délégués et mandatés syndicaux ?
En 2018, Hella Kherief, alors salariée du groupe Korian, a été virée pour avoir dénoncé le manque de matériel, en particulier de couches – elle a écrit un ouvrage à ce sujet et est intervenue récemment dans les médias. Actuellement salariée du groupe ELSAN, elle travaille à la clinique Bonnefon, à Alès, dans le Gard. Désignée, il y a quelques semaines, représentante syndicale, elle se trouve de nouveau sous le coup d'un licenciement pour avoir dénoncé des dysfonctionnements. Son cas illustre ce qui se passe dans ces groupes marchands : dès lors que l'on décide de porter la voix des salariés, on est blacklisté, intimidé, puis visé par une procédure de licenciement.
Siham Touazi, déléguée syndicale à l'EHPAD de Château de Neuville – propriété du groupe privé à but lucratif Epinomis, membre du SYNERPA – est en grève depuis cinquante jours ; elle aussi est sous le coup d'une mesure de licenciement.
Enfin, mon homologue de la CFDT a rappelé que 15 millions d'euros avaient été proposés à Victor Castanet pour qu'il renonce à publier son ouvrage. En 2010, la CGT a été infiltrée par cinq salariés, embauchés par le groupe Orpea pour étudier la manière dont fonctionne notre organisation syndicale. L'un d'entre eux a réussi à se hisser jusqu'aux instances nationales du groupe en se faisant élire sur nos listes – nous nous sommes bien fait blouser ! Lorsque la CGT a décidé de porter plainte, le groupe Orpea a également tenté de nous acheter, en nous proposant la modique somme de 4,2 millions d'euros. Lorsqu'on se sent tout‑puissant et qu'on a les moyens, on est prêt à tout acheter...