Intervention de Anissa Amini

Réunion du mercredi 23 février 2022 à 9h05
Commission des affaires sociales

Anissa Amini, secrétaire fédérale référente grand âge de la Fédération SUD :

Puisque nous savons ce qu'il en est du dialogue social au sein du groupe Orpea – à présent, c'est à la justice de faire son travail –, je souhaiterais évoquer la situation de Korian, dont vous avez auditionné la directrice générale, Mme Sophie Boissard. Au sein de ce groupe, les problèmes ne se posent peut‑être pas à la même échelle, mais Korian suivait un chemin qui, si l'affaire Orpea n'avait pas éclaté, aurait pu le conduire à la même situation. Dans certains établissements du groupe, le dialogue social est complètement rompu. Les organisations syndicales qui dérangent – SUD‑Santé sociaux et d'autres, représentées ici – sont marginalisées.

En ce qui concerne les contrats, nous demandons le recrutement en CDI de salariés formés – j'insiste sur ce terme – car, on l'a dit, la personne âgée est fragile ; elle a besoin d'une prise en charge spécifique. Pour l'instant, ce n'est pas le cas ; les directions nous disent qu'elles n'arrivent pas à recruter. Nos métiers, c'est vrai, ne sont plus attractifs, mais comment voulez‑vous que la personne qui postule dans un EHPAD ne renonce pas lorsqu'on lui communique la liste des tâches qu'elle devra accomplir en une journée ? Elle sera seule – ou, au mieux, accompagnée d'un collègue – pour s'occuper de vingt‑cinq résidents et notamment préparer le petit-déjeuner, les médicaments... À ce propos, vous nous avez interrogés sur les « faisant fonction ». Un agent hospitalier ou un auxiliaire de vie remplit le rôle d'une aide‑soignante diplômée pendant que celle‑ci se voit confier les tâches d'une infirmière. Ces « faisant fonction » se mettent en danger en faisant autre chose que ce pour quoi ils ont été formés et diplômés. Cela devrait au moins être encadré par la loi, mais la loi est bien souvent faite pour protéger les mauvaises personnes – c'est en tout cas ce que l'on ressent sur le terrain.

Toujours est‑il que la personne qui postule dans un établissement renonce quand on lui présente sa fiche de poste parce que ce n'est pas pour cela qu'elle a passé son diplôme. Elle a été formée pour prendre en charge une personne âgée, en prenant le temps de s'occuper d'elle, de la doucher, de lui faire son brushing, de papoter avec elle...

Ce ne sont pas les salariés qui doivent être contrôlés, mais les établissements privés à but lucratif. Vous rendez‑vous compte que les directions sont informées avant chaque contrôle ? Ceux‑ci devraient être inopinés. Si l'on n'a rien à cacher, cela ne devrait pas poser de problème. Et qu'on ne nous dise pas qu'il faut du temps pour préparer les dossiers : ce qui doit être contrôlé, c'est la manière dont les résidents sont pris en charge, les questions administratives passent après. Une salariée de Korian m'a raconté que, pendant son service, la directrice, informée d'un contrôle de l'ARS, lui avait demandé de ranger rapidement les lève‑malades, les verticalisateurs, pour qu'ils ne traînent pas dans le couloir. Elle lui a répondu : « Excusez‑nous, mais on travaille et, lorsqu'on travaille, oui, il y a des verticalisateurs et des chariots de nursing dans les couloirs ! » Avant chaque contrôle, les directions se rendent dans les services et répercutent sur les salariés la « pression », la peur qu'elles ressentent – on se demande pourquoi, d'ailleurs. Bizarrement, c'est assez drôle, le jour de la visite de l'ARS, la direction, les cadres de santé commencent à 6 heures du matin, à la même heure que les autres salariés.

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