Intervention de Virginie Hoel

Réunion du jeudi 8 octobre 2020 à 9h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Virginie Hoel, professeure des universités :

Je souscris totalement à tout ce qui a été dit. Je pense que l'État français doit se rendre compte que la perte des composants peut « tuer une économie ». Il me semble que c'est un sujet primordial. Le rôle de la filière est aussi de prévoir et d'anticiper tous les nouveaux marchés et de permettre un développement de l'économie.

Au niveau de la filière, nous développons tout un axe autour des compétences, afin de répondre à l'ensemble des enjeux stratégiques qui se trouent devant nous. De très grandes attentes existent de la part des industriels. J'aurais une position assez optimiste, en disant que ces industriels sont encore présents sur le territoire. Ces compétences peuvent toujours être « réanimées » mais sont en voie de disparaître. De nombreux départs à la retraite ne sont pas remplacés. Des compétences considérables sont en train de disparaître.

Par ailleurs, le champ de l'attractivité est important. À mon sens, l'électronique a souffert d'un manque d'attractivité par rapport au numérique. Les solutions matérielles ont été quelque peu victimes du succès du numérique. L'électronique n'était plus très « à la mode ». Pourtant, sans solution matérielle, il n'est pas possible de développer des solutions numériques dignes de ce nom.

Le manque d'attractivité concerne notamment les jeunes filles. Je suis un contre-exemple, même si je ne suis plus très jeune. En termes de féminisation de la filière, seuls 20 % de filles sont attirées par les sciences en général. Nous sommes impliqués sur ce sujet.

Comme l'a dit Thierry Tingaud, nous essayons de créer des discussions entre les écosystèmes. C'est ce que nous tentons de faire au sein de la filière, en mobilisant à la fois les acteurs de l'enseignement supérieur, de l'éducation nationale et les industriels afin que chacun puisse identifier les différents sujets et mettre en place des actions. Dans ce cadre, nous avons formé un groupe de travail impliquant tous les champs. Ce groupe de travail est composé de directeurs des ressources humaines (DRH), d'acteurs de terrain au niveau industriel, d'enseignants-chercheurs, d'acteurs de la formation continue comme l'Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) et des représentants du ministère de l'emploi. Nous regroupons donc toutes ces différentes composantes. Nous avons identifié plusieurs actions à mener.

Cette démarche a aussi lieu dans le cadre d'un Engagement développement et compétences (EDEC). Nous avons été lauréats au niveau de la filière pour ce projet. Ce projet se mène aussi avec la photonique, secteur qui rencontre les mêmes problèmes que nous. Dans le cadre de cet EDEC, nous disposons d'environ 500 000 euros à partager avec la photonique sur quatre grands axes.

Dans le but que nous soyons certains de bien dimensionner le projet et l'offre de formations, le premier axe vise à réaliser une cartographie dynamique des métiers en tension. De grands besoins existent actuellement. Il n'est plus possible de trouver certains opérateurs et certaines compétences considérables sur le marché. Il existe donc des besoins criants, notamment dans les domaines de l'analogique, de la technologie et du hardware. Ces besoins sont identifiés. Nous recevrons les résultats de cette cartographie en novembre. Globalement, tous les signaux repérés à la construction de la filière sont vérifiés et seront confirmés par l'étude menée dans le cadre de cet EDEC.

Le deuxième grand sujet est l'alternance. Nous travaillons pour développer cette alternance. Nous avons un autre sujet sur les formations initiales et formations continues. Nous souhaitons diversifier les offres de formation et amener, le plus rapidement possible, les compétences et les personnes sur les postes actuellement ouverts au niveau industriel.

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