Dans le cadre de notre pacte de la souveraineté numérique, nous avions pensé à un small business act qui ne peut pas être français compte tenu des lois sur la concurrence dans l'Union européenne. En revanche, l'on peut passer par un autre biais, privilégier le local. C'est peut-être envisageable dans le cadre de la réglementation communautaire. Quand vous faites une activité partielle, vous allez privilégier votre tissu local. Il me semble que, dans les autres pays européens, c'est une idée qui pourrait être acceptable, y compris dans les pays plus libéraux que la France. Le discours que tiennent beaucoup d'entrepreneurs d'Opération Lancelot ou d'ailleurs est de dire : « Nous ne quémandons pas des subventions, nous voulons des contrats, mais nous n'avons aucune chance. » C'est un problème culturel.
Vous nous avez demandé : « Estimez-vous que la France dispose des bons outils pour défendre une souveraineté industrielle ? » Nous n'avons pas les bons outils culturels parce qu'en France, l'administration veut tout faire elle-même. Aux États-Unis, ce n'est pas l'administration qui a créé Amazon. Par contre, l'administration a dit : « Je vous donne tant de milliards si vous me faites ce que je veux. » En France, l'administration dispose de ressources humaines très compétentes et chaque ministère, voire chaque direction au sein d'un ministère, a ses propres solutions. Il y a là une réflexion à avoir qui, avant d'être une réflexion juridique, est une réflexion culturelle. Pourquoi les Américains sont-ils bons ? Parce que l'administration ne veut pas faire elle-même, mais signe des contrats avec des entrepreneurs pour qu'ils fassent à sa place.