La notion de souveraineté commence à faire consensus en raison du contexte politique international. En Europe, chacun perçoit désormais son intérêt à trouver les moyens d'agir et de réguler dans un marché de 500 millions de personnes, au demeurant assez modeste par rapport au marché chinois. Néanmoins, il existe des contradictions idéologiques entre les États membres. Certains conçoivent l'Europe comme une juxtaposition de marchés plutôt que comme une construction politique. Plusieurs États ont souhaité rejoindre l'Union européenne pour ce motif. Ils défendent leur capacité à être présents sur le marché unique européen sans vouloir dépasser ce stade.
Quant à la souveraineté politique, elle peut faire peur. En France, il semble assez largement admis que notre salut, notamment économique, repose sur l'entraide européenne, la coopération et l'intégration d'un certain nombre de régulations. Tous les États ne partagent pas ces présupposés et il reste encore une bataille politique à mener sur le terme de souveraineté, même si l'utilisation de la notion a beaucoup progressé ces dernières années. Elle a notamment été portée dans le débat public européen par le Président de la République. Dans un discours récent, la présidente de la Commission européenne a employé à plusieurs reprises le terme de souveraineté. Elle n'aurait jamais pu l'utiliser il y a trois ou quatre ans au Parlement européen, car il n'était pas bien perçu. Aujourd'hui, si le sujet de la souveraineté ne fait toujours pas consensus, l'idée se précise qu'une souveraineté européenne est nécessaire afin que l'Union puisse agir par elle-même.