Intervention de Lorena Boix Alonso

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 10h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Lorena Boix Alonso, directrice chargée de la stratégie et de la diffusion des politiques à la Direction générale des réseaux de communication, du contenu et des technologies de la Commission européenne :

La souveraineté numérique est d'une importance capitale et fait partie d'un concept plus large, celui de la souveraineté stratégique. Les technologies numériques sous-tendent les évolutions dans tous les secteurs de l'économie, que ce soit l'agriculture, les finances ou la sécurité. Plus généralement, elles déterminent nos capacités à relever les principaux défis sociétaux, comme la santé et l'environnement. N'importe quelle dépendance, même minime, à l'égard de technologies numériques développées et produites en dehors de l'Union européenne pourrait rendre vulnérables ces différents secteurs de notre économie et de notre société. Une dépendance dans le domaine numérique pourrait mettre en péril non seulement notre économie, mais également notre sécurité, nos valeurs démocratiques et nos droits fondamentaux. L'ubiquité des technologies numériques dans l'économie rend particulièrement important le développement de la souveraineté numérique. La crise de la covid a renforcé cette idée en agissant comme une prise de conscience de l'importance de ces enjeux. Cette crise est un drame humain et une crise économique, mais je suis convaincue que ce drame aurait été plus conséquent sans le numérique qui nous a permis de continuer à exercer nos activités économiques et sociales et qui a également aidé à gérer la situation du côté humain, social et médical. Cette fantastique accélération qu'a apportée la covid dans de nombreux secteurs est une opportunité. C'est pour cette raison que vos travaux arrivent au bon moment. Il convient de redéfinir notre approche du secteur numérique. C'est également un grand défi car ceux qui ne s'adaptent pas encourent le risque de devenir hors-jeu, que ce soient des pays, des entreprises ou des écoles.

La pandémie a révélé des défis, mais également des vulnérabilités. Nos sociétés et économies sont exposées aux chaînes d'approvisionnement mondiales et nous sommes vulnérables si nos outils numériques sont complètement conçus, produits et contrôlés ailleurs. L'enjeu n'est pas uniquement économique mais touche également à nos valeurs, que le développement technologique doit respecter. La résilience stratégique de l'autonomie numérique ne consiste pas à nous isoler, mais à défendre nos intérêts stratégiques et nos valeurs. Pour y parvenir, il faut réduire notre dépendance en construisant nos capacités technologiques. Nous devons développer des projets susceptibles d'aboutir à des alternatives européennes dans les technologies et stratégies clés. Il est nécessaire de donner à nos citoyens les moyens d'agir en encourageant nos talents à se développer, puis à déployer et utiliser ces technologies stratégiques essentielles dans l'intérêt commun. L'Europe peut jouer un rôle central dans cette course mondiale à la puissance technologique. Dans le contexte géopolitique actuel, les grandes puissances telles que la Chine et les États-Unis sont conscientes de l'importance que représente cette capacité à gérer ses propres technologies. L'Europe est plus que jamais consciente des implications.

Nous devons développer nos capacités dans trois domaines clés : le secteur des données, qui est fondamental ; la microélectronique et les microprocesseurs, qui sont dans toutes les chaînes de valeurs électroniques ; et la connectivité. Nous possédons deux outils principaux pour y arriver : les investissements et la régulation. Je vais principalement développer ce deuxième point, mais je pense qu'il faut jouer sur les deux. D'après notre présidente, Ursula von der Leyen, la décennie du numérique commence. Elle veut développer l'Europe et a proposé dernièrement ce qu'elle appelle une boussole numérique. Le Conseil européen a appelé la Commission à développer ce concept. En mars 2021, nous proposerons des objectifs chiffrés et clairs pour l'horizon 2030, afin de ne pas présenter uniquement les investissements et la régulation, mais pour nous fixer des buts et mettre en œuvre les moyens pour les atteindre. Je serais très heureuse de développer le concept de souveraineté numérique à l'occasion de nos débats et d'expliquer de manière plus approfondie les différents projets législatifs des prochaines années.

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