Vous avez raison, il existe cette tendance, qui fait partie de la beauté de l'Europe, pour chaque pays membre, à tirer d'un côté lorsque nous parvenons à un accord. Je pense que c'est pour cette raison que nous arrivons souvent à des propositions équilibrées. Je ne connais pas d'autre système où nous mesurons autant tous les intérêts qui sont en jeu.
Dans le domaine de la souveraineté technologique ou numérique, même si un pays voulait devenir leader, ce serait impossible. Comme vous l'avez dit, les sommes d'argent investies par des pays extraeuropéens sont énormes. Aucun État ne peut rivaliser seul. Le seul moyen d'y parvenir est la mise en place de grands projets. J'ai mentionné le cloud qui est un bon exemple. Comme nous l'avons constaté, la France et l'Allemagne ont commencé à pousser dans cette direction avec le projet GAIA-X pour créer un système de cloud européen. La Commission européenne considère ces projets avec beaucoup de sympathie. Nous sommes en train de lancer une alliance industrielle au niveau européen avec pour objectif la création d'une infrastructure de cloud, qu'il serait impossible de créer avec un seul pays. Notre commissaire a participé à un événement sur ces grands projets et GAIA-X. L'objectif est d'être complémentaire et de créer des synergies. L'Europe permet ces coordinations. Je pense que c'est le rôle que peut jouer l'Europe en démarrant et coordonnant ces grands projets, mais aussi d'y participer financièrement quand c'est possible. Nous disposons de plusieurs outils financiers pour lancer ces projets et attirer, grâce à notre intervention, de l'investissement privé. Il faut réaliser cela ensemble avec les États membres, les entreprises et l'Union européenne. Nous ne pouvons qu'en sortir gagnants.