Intervention de Marc Charrière

Réunion du jeudi 26 novembre 2020 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Marc Charrière, directeur des affaires publiques de Nokia :

En tant qu'équipementier, nous assurons des sécurisations plus que maximales de nos équipements. Je ne donne pas cher de l'avenir d'un équipementier qui sortirait un produit virtualisé non sécurisé.

Les États doivent regarder comment ils bâtissent leur sécurité d'État. Nous n'avons bien évidemment aucune notion de ce qu'il se passe dans les équipements de nos concurrents et ce n'est pas à nous de le faire. Nous ne sommes pas étonnés que des structures de sécurité de l'État analysent nos équipements et que cela concerne les trois équipementiers présents autour de la table. Il ne s'agit pas d'une bataille normative mais d'analyser les solutions mises en place chez nos clients. Nous n'avons ni activité spécifique ni avis à partager sur ce sujet parce que nous ne connaissons pas les équipements des autres.

La 5G n'est pas simplement une évolution de la 4G. Certes, du point de vue du grand public, la première version de la 5G est précisément l'évolution de 4 à 5 et ce que nous allons connaître en 2020 est typiquement une évolution classique avec dix fois plus de débit, dix fois moins de latence. Toutefois, le véritable enjeu est lié aux versions ultérieures.

Pour que nous puissions avoir un véhicule autonome, il faut que le réseau ne fasse pas que des interconnexions. Nous ne pouvons pas développer un applicatif de véhicule autonome et téléphoner à Orange ou SFR en leur demandant un bon réseau, qui aille suffisamment vite pour que la voiture soit autonome. Il faut mettre en place une structure logicielle entre les deux qui sera une sorte de mélange entre des fonctions réseau et des fonctions voiture, d'où l'aspect virtualisation et l'implication de nouveaux acteurs de part et d'autre. En tant qu'équipementiers, nous serons de nouveaux acteurs pour le secteur de l'automobile et le secteur de l'automobile sera un nouvel acteur dans l'aspect réseau. Nous définirons ensuite dans le réseau des « slices », c'est-à-dire des couches spécifiques pour un secteur. Le réseau deviendra ainsi intelligent parce qu'il saura ce qu'il transporte. S'il s'agit juste de vidéo, il transportera les données le mieux qu'il peut mais, si c'est une voiture, il faut qu'il sache appuyer sur le frein au bon moment.

Ces aspects sont totalement nouveaux. La bataille économique cache la forêt de l'aspect technologique, très important, qui nécessite beaucoup d'efforts de la part à la fois des équipementiers, des opérateurs et des secteurs industriels eux-mêmes. C'est une rupture à venir, névralgique pour les États car ceux qui ne se plongeront pas dedans rapidement risquent de devenir de simples utilisateurs d'applications développées ailleurs. Nous l'avons déjà vu avec les GAFAM. Il serait bon de ne pas renouveler le problème pour les approches industrielles, en particulier en France où nous avons de gros acteurs qui sont des poids lourds dans le domaine de l'énergie ou d'autres.

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