Je souscris complètement à ce qui vient d'être dit. Sur l'aspect sociétal, c'est effectivement un sujet très français. Je pense que nous sommes un peuple très innovant mais qui a besoin d'avoir fait le tour en théorie de ce qu'il se passera, avec des chiffres, de gains… Or, la 5G apportera une évolution très forte surtout dans les secteurs industriels, donc des gains.
Par exemple, les champs éoliens gérés un par un nécessitent actuellement un lissage de l'énergie avec souvent des centrales thermiques. Le déploiement d'une infrastructure numérique évoluée avec la 5G et d'autres technologies permettra de mieux gérer les parcs éoliens. Il faut commencer à expérimenter pour voir ce que cela donnera. Dans d'autres pays, en particulier dans le nord de l'Europe, la réaction est de tester en ayant en tête le fait qu'il faut faire attention à l'environnement. Si la 5G conduit à un échec sur les champs éoliens, ils reviendront en arrière. En France, nous voulons avoir fait toute l'analyse complète avant de mettre les bottes et d'aller sur le terrain. Nous avons donc beaucoup de mal à voir les effets positifs, à faire des tableaux Excel avec les effets positifs, négatifs et à voir que, finalement, l'impact est positif dans l'exemple que je viens de citer.
Il faut que nous expérimentions plus et plus longtemps, pas uniquement pour montrer que notre site d'expérimentation 5G fait dix fois plus de ci, dix fois moins de ça… L'expérimentation avec les secteurs industriels est extrêmement importante et des pays le font. C'est important pour notre développement économique et pour notre développement durable à venir.
Notre approche doit être plus pratique, pragmatique plutôt que d'appuyer sur le frein. En France, nous appuyons sur le frein pendant des années puis nous le lâchons et, d'un seul coup, nous fonçons sur la technologie. Toutefois, nous risquons de prendre ainsi du retard dans la mise en œuvre tandis que, dans la mise à disposition des fréquences, nous ne sommes pas à six mois près puisque le développement durera des années.
Nous voulons trop tout analyser à l'avance, avec des partis pris trop négatifs. Il faut avancer et je ne doute pas que cela avancera. Les autres pays d'Europe ne nous comprennent pas bien d'ailleurs.