Intervention de Michel COMBOT

Réunion du jeudi 3 décembre 2020 à 10h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Michel COMBOT, délégué général du CSF :

Nous ne sommes pas tout à fait en haut de la chaîne mais tout de même à un niveau où nous sommes énormément en contact avec les clients finaux, entreprises et particuliers. Nous avons d'ailleurs pu maintenir notre activité grâce à toute la filière : les opérateurs travaillent collectivement avec les installateurs, les fabricants.

Nos réseaux ont pu absorber des pics de trafic exceptionnels au soir du premier confinement. Nous ne nous attendions pas du tout à voir de tels pics de trafic, notamment sur le trafic voix : les gens ont commencé à rappeler leurs collègues ou leur famille par téléphone. Nous avons dû faire des adaptations car les usages ont complètement changé avec cette crise sanitaire. Malgré les enjeux de fracture numérique, les gens ont pu continuer à travailler, à s'éduquer. La fracture numérique porte sur l'accès et c'est pour cette raison que nous développons la fibre optique et la 4G actuellement, la 5G étant la technologie de demain. Nous avons besoin que l'ensemble des Français et des entreprises aient accès à cette technologie.

Des questions légitimes se posent sur les usages ; il ne faut pas faire n'importe quoi en profitant de la disponibilité de l'accès. Cette réflexion sur les usages n'est pas encore vraiment mûre, parfois encore assez caricaturale comme nous le voyons sur la 5G où le terme « amish » était à mon sens assez malheureux. L'idée n'est pas d'opposer mais de faire comprendre quel est l'intérêt de ces nouveaux services, de ces nouvelles technologies, ce qu'ils peuvent apporter, y compris en matière environnementale. Le numérique serait un pollueur, une source de gaz à effet de serre. C'est vrai, comme pour toute technologie mais le numérique permet aussi des économies de gaz à effet de serre. Ainsi, le télétravail fait que les gens se déplacent beaucoup moins.

Il faut faire de la pédagogie. Nous avons été victimes de fake news. Des antennes ont brûlé et des infrastructures ont été dégradées. Les responsables sont des personnes qui surfent sur les rumeurs colportées notamment par les réseaux sociaux. Le débat est caricaturé pour des raisons politiques alors que notre filière ne fait pas de politique : elle développe des services, investit, crée de l'emploi et apporte des services demandés par les usagers.

Les gens nous demandent quand la 4G arrivera, quand la fibre arrivera et, maintenant, quand la 5G arrivera. Le besoin existe mais doit être maîtrisé. Ce n'est pas une fin en soi ; c'est un outil qui doit être au service d'un objectif. Nous devons être pédagogues comme nous l'avons été au début du confinement en demandant aux gens d'utiliser le wifi plutôt que le réseau 4G qui doit être réservé aux gens en mobilité. Nous avons aussi demandé aux gens de ne pas mettre des tunnels de vidéos qui surchargent les réseaux. Nous avons essayé d'être pédagogues sur le bon usage des réseaux comme avec les ampoules à basse consommation : ce n'est pas parce que l'ampoule consomme moins qu'il faut la laisser allumée toute la nuit. De même, ce n'est pas parce que le réseau est connecté en permanence qu'il faut forcément le charger car cela a un coût sociétal et qu'il existe également des enjeux de dépendance, notamment pour les jeunes.

Cette réflexion n'est pas simple car elle est souvent caricaturée, notamment pour des raisons politiques. Nous aimerions un débat sain, objectif, basé sur des études et traitant des vrais problèmes : les conseils aux parents dépassés par leurs enfants en matière d'usage du numérique, le conseil aux entreprises pour les convaincre de se numériser parce que c'est un enjeu essentiel, notamment durant cette crise sanitaire pour les commerces pour vendre, pour les entreprises pour être concurrentiels par rapport à leurs concurrents étrangers. Au-delà des grande déclarations, l'enjeu est de savoir comment être pédagogue, comment arriver à faire comprendre aux entrepreneurs et aux familles les enjeux du numérique, ce qu'il apporter de bien et de moins bien. Nous essayons de prendre part au débat, d'aller au-delà des fake ne ws et des caricatures.

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