Intervention de Christian Poyau

Réunion du jeudi 14 janvier 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Christian Poyau, coprésident de la commission « mutations technologiques et impacts sociétaux » du MEDEF, président-directeur général de groupe Micropole :

Je m'attacherai à la numérisation des entreprises.

Moi-même entrepreneur, j'ai fondé et dirige la société Micropole. Elle compte environ 1 200 salariés et, présente dans six pays, réalise à l'export 36 % de son chiffre d'affaires annuel de 115 millions d'euros. Je suis parmi vous au nom de la commission « mutations technologiques et impacts sociétaux » du MEDEF, à laquelle j'appartiens depuis plusieurs années. De fait, voilà cinq ans que le MEDEF a pris à bras-le-corps le sujet de la numérisation des entreprises.

Celle-ci s'avère un vecteur majeur de l'accélération de la productivité et de la compétitivité, ainsi que de la création d'emplois. Nous agissons donc résolument pour sa promotion.

Chacun le constate : la crise sanitaire a mis en avant l'utilité des outils numériques. J'évoquerai quelques secteurs.

La télémédecine a connu une accélération de son développement évaluée à deux années. Entre les mois de mars et avril 2020, l'assurance-maladie a remboursé 5,5 millions de consultations effectuées à distance. Le système permet un service d'une qualité indéniable, plus rapide. Il contribue à désenclaver certains territoires, tout en restant moins onéreux pour la collectivité.

Le télétravail a concerné quelque 27 % des personnes en activité. Il a entraîné un changement des habitudes et des mentalités. Nous verrons comment il continuera d'exister. Difficile à organiser, il requiert que nous l'adaptions aux attentes et besoins de nos collaborateurs.

Les sites d'achat en ligne avec un service de retrait des commandes en magasin, dit de click and collect, se sont par ailleurs multipliés.

Nonobstant des critiques qui concernent notamment ses conséquences sur l'environnement, le numérique emporte d'indéniables effets positifs sur la qualité de vie de nos collaborateurs et de nos concitoyens.

Dans son plan de relance, le Gouvernement prévoit un volet relatif à la numérisation des entreprises, pour un montant de 385 millions d'euros. Nous le jugeons clairement insuffisant et pour le moins limité en comparaison de l'investissement total que le plan représente.

Le volet se compose pour partie d'une sensibilisation à la numérisation. Mon expérience du terrain me permet d'affirmer que les entreprises sont d'ores et déjà parfaitement conscientes de la nécessité de leur numérisation.

Il comprend également un dispositif d'audit et d'accompagnement. Nous regrettons que celui-ci se polarise sur le secteur industriel. S'il s'avère utile d'aider les industries françaises à améliorer leur numérisation, il convient de n'en pas négliger pour autant le secteur des services.

J'ajoute que nos structures, dont le MEDEF Île-de-France, nous ont signalé que, faute de fonds disponibles, l'aide du plan de relance à l'investissement de transformation vers l'industrie du futur serait ramenée de 40 %, ainsi qu'initialement prévu, à 10 % du coût de l'investissement engagé. La surprise et l'inquiétude des entrepreneurs en sont vives. L'annonce suscite l'interrogation de ceux qui avaient commencé à établir des prévisions sur le fondement du plan de relance.

Sur les aspects de cybersécurité, je conviendrai que toutes les entreprises se trouvent sous la menace d'attaques informatiques. Même si le respect de règles fondamentales de sécurité demeure essentiel, aucune parade ne permet de les en prémunir définitivement. Nous œuvrons plutôt à communiquer sur la réaction à adopter en cas d'attaque. Malheureusement, sous l'angle du droit, les moyens dévolus à la justice sur les questions qui tiennent au numérique, apparaissent dérisoires.

La dernière partie de mon intervention traitera des données, avant de conclure sur la commande publique.

La numérisation des entreprises, que j'évoquais à l'instant, a mis en avant le poids des plateformes en ligne. Elles sont le plus souvent d'origine extra-européenne. Il nous semble qu'une compétition commerciale équitable implique de disposer d'armes égales à celles de la concurrence.

Le combat n'est pas perdu. Les plateformes ne vivent que des données que nous leur confions. Gardons à l'esprit que l'Europe constitue le premier marché économique mondial des données informatiques. Or, sur notre continent, leur accès reste à ce jour ouvert sans aucune espèce de contrainte.

Par le jeu d'une action de souveraineté, sans agressivité, mais sans ingénuité non plus, une volonté ferme de protéger nos données nous permettra sans conteste de beaucoup progresser.

Déjà cité, le projet Gaia-X s'engage dans cette voie. Il vise l'interopérabilité et la portabilité des données. Je mentionnerai également les data hubs, ou centres de données. Des initiatives les concernent, par exemple dans le domaine de la santé. Il faut les y étendre à la partie industrielle, celles des données partagées entre professionnels, en « B to B » .

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