Nous pensons que notre offre de formation actuelle est de qualité. Elle a évolué de manière très positive. J'en veux pour exemples la création de l'enseignement des sciences numériques et technologiques en classe de seconde générale, la spécialité du numérique et des sciences informatiques en classe de première et en terminale dans les lycées généraux, et la filière mathématiques, physique, informatique et ingénierie (MP2I) dans les classes préparatoires aux grandes écoles. Beaucoup d'avancées ont eu lieu. La capacité de formation pour le secteur des métiers du numérique, de l'ingénierie et du conseil est satisfaisante. Nous considérons que l'offre est suffisante, à la fois en termes de contenus et de capacités de formation.
En revanche, l'attractivité est insuffisante. La promotion de ces parcours de formation et des métiers du numérique doit être amplifiée. Nous menons des actions, organisons des événements appelés les Day-Click, nous intervenons dans les forums métiers des écoles. Il faut augmenter ces actions et leur accorder beaucoup plus de moyens, et des moyens qui soient modernes et « catchy » (accrocheurs en français). J'ai vu la dernière vidéo sur les problématiques de cybersécurité inspirée de la série « Le bureau des légendes ». Il faut communiquer sur les réseaux sociaux et montrer à quel point les sujets du monde du numérique sont intéressants et ambitieux. Il faut également expliquer que ces métiers ne sont pas dédiés aux titulaires d'un bac+5 et qu'ils ne sont pas seulement destinés aux hommes. Des moyens doivent donc être déployés pour l'attractivité du numérique – c'est là que le plus grand travail reste à faire. Beaucoup d'initiatives existent à ce sujet, et nous avons tout intérêt à les amplifier. Je salue le programme Femmes du numérique et la fondation Femmes numériques, qui travaillent à faire évoluer les stéréotypes de genre sur le marché de l'informatique et de l'ingénierie en informatique. Nous devons absolument atteindre les différents publics : cela comprend évidemment les jeunes, mais aussi leurs parents. Nous devons travailler à des communications qui les « percutent ». À titre d'exemple, je trouve la communication de l'armée, sur ses métiers, extrêmement intéressante. Nous pourrions nous en inspirer et rendre le monde du numérique, ainsi que le sujet de la cybersécurité, extrêmement attractifs. La cybersécurité n'est pas seulement le stéréotype du garçon en sweat à capuche dans une pièce sombre, assis devant son ordinateur à coder. Faire évoluer cette perception constitue un vrai enjeu.
Cela passera également par la formation et la promotion de l'usage de certains composants numériques pour toute la population. Un classement récent montrait que la France se situait à la 15e place de l'indice 2020 relatif à l'économie et à la société du numérique (DESI). Trop peu de personnes se distinguent, par leurs compétences, dans les technologies du numérique. Je constate que beaucoup de très bons élèves, et notamment les filles, optent pour des parcours dans la santé et fuient le monde du numérique par mécompréhension. Or le numérique est essentiel dans les sciences de santé de demain.
En matière de formation, l'enjeu principal, à mes yeux, est donc de changer l'image du numérique, de montrer qu'il sera demain un des principaux pourvoyeurs d'emplois et que les femmes pourront y être indépendantes, avec des activités bien rémunérées car créatrices de grande valeur.