Intervention de Benoît Darde

Réunion du jeudi 25 février 2021 à 9h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Benoît Darde, administrateur de Syntec Numérique :

Les pouvoirs publics ont pris le parti d'encourager le développement de l'écosystème en France et en Europe. Nous le voyons par un certain nombre d'annonces et de décisions.

L'action des pouvoirs publics, et notamment leur capacité d'investissement, doit encourager l'émergence d'écosystèmes qui va créer un marché et une économie. Le numérique n'a pas besoin de subventions : il a besoin de marchés et d'opportunités de business. La puissance d'investissement des pouvoirs publics doit donc faire émerger ces éléments d'écosystèmes et les appuyer dans leur lancement.

Des initiatives d'investissements et d'aides au lancement de ces écosystèmes sont intéressantes. Les verticaux de données sectorielles, par exemple, seront très importants : il est intéressant de poursuivre cette approche portée par GAIA-X. D'autres initiatives doivent être soutenues : l'accès à une donnée partagée et en libre circulation sur notre marché européen, l'innovation dans le domaine de la santé, l'accélération de la stratégie en matière de 5G, les offres de solutions d'intelligence artificielle. Orienter la puissance d'investissement public, mixée à des capacités d'investissement privé, sur ces sujets serait le bon moyen de permettre à ces écosystèmes de créer leurs marchés, leurs différentiations et in fine d'apporter une valeur économique ajoutée en Europe.

Cela nécessite également de faciliter les liens entre la recherche publique et la recherche privée, et de faire en sorte que la recherche débouche sur des projets industriels. Nous devons absolument faire en sorte que tous les acteurs – c'est-à-dire les start-up, les PME, les ETI – soient présents dans ces travaux de recherche. Nous devons aller chercher l'émergence des écosystèmes. L' Aerospace Valley en Midi-Pyrénées incarne la rencontre entre le public et les différentes structures privées. Cela crée, au fil du temps, des solutions différenciantes qui vont trouver leur marché et pouvoir se développer.

Il importe aussi, à notre sens, que ces initiatives soient coordonnées au niveau européen. La particularité du numérique est qu'il n'a pas de frontières. Les frontières au sein de l'Europe pourraient donc constituer des freins au développement de ces écosystèmes. Si une entreprise doit s'adapter à une réglementation différente dans chacun des 27 pays, elle peinera à trouver un espace assez large pour se développer. Le Règlement européen sur la libre circulation des données participe de cette démarche et nous soutenons totalement ce texte.

L'échelon européen nous semble également intéressant pour mobiliser des financements conséquents. Certains sujets d'un plan industriel et technologique européen requerront de très lourds financements. Ainsi, il est éclairant d'étudier les financements accordés dans d'autres régions du globe. Après avoir investi 250 millions de dollars dans le développement d'un ordinateur quantique, les États-Unis ont investi à nouveau 1,2 milliard de dollars sur les cinq prochaines années pour appuyer la capacité de développement de cette technologie. La Chine vient également d'investir près de 240 millions d'euros en la matière. Cela représente de très grands budgets. Nous devons utiliser l'échelon européen afin de définir des axes stratégiques et de dédier nos capacités financières à faire émerger le bon écosystème. Cela nous garantira ainsi d'être présents et d'être souverains dans cette technologie en Europe.

S'agissant de la commande publique, nous constatons que la commande des collectivités territoriales et des administrations est peu ouverte aux start-up, aux PME et aux ETI. Les grands marchés sont souvent contractualisés avec les plus grandes structures, et les petites structures sont, par la suite, sous-traitantes de ces grandes structures. Nous le constatons dans l'activité de nos membres : les plus grandes entreprises de services du numérique « décrochent » les marchés publics, puis contractualisent avec des sous-traitants. Cela n'est pas récent. Les petites structures, dans leur développement, doivent intégrer un facteur d'innovation et un facteur différenciant particuliers. Les grandes structures ont évidemment, elles aussi, une capacité à l'innovation. Mais nous aurions tout intérêt à ce que la commande publique soit plus ouverte aux acteurs de plus petite taille. Parmi nos adhérents, 2 000 entreprises sont des PME ou des entreprises de taille inférieure. Leur ouverture vers les marchés publics est très faible. Cela mériterait d'être corrigé à l'avenir.

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