Intervention de Naomi Peres

Réunion du jeudi 11 mars 2021 à 9h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Naomi Peres, secrétaire générale adjointe du secrétariat général pour l'investissement (SGPI) :

Il faut distinguer les sujets sur lesquels l'offre est déjà présente (ce qui n'est pas le champ d'intervention du PIA) et les sujets sur lesquels elle ne l'est pas. L'offre des géants du Web – Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft (GAFAM) – ne recouvre pas le champ d'intervention du PIA. Le PIA s'intéresse à des solutions futures. En matière de cyber, par exemple, la bataille n'est pas perdue : il est encore temps de construire une offre française, qui constituerait une troisième ou quatrième voie. Nos services publics, demain, pourraient recourir à des solutions de cybersécurité issues d'une offre industrielle française. Cette offre n'existe pas encore. Les entreprises reconnaissent que le marché constitué par les collectivités territoriales, les hôpitaux, les ports, les gares est considérable, mais il n'est pas du tout organisé pour leur parler.

Le PIA 4 va permettre de mettre en place des démonstrateurs territoriaux. Nous avons voulu contrecarrer la critique récurrente adressée au PIA, selon laquelle le programme produit de l'innovation sur étagère, sans aller au bout de la preuve de concept et sans tester cette innovation dans des conditions réelles. Nous avons donc créé un nouvel instrument, intitulé « soutien au déploiement », qui a vocation à financer des formations et à tester, dans des conditions réelles, les technologies en pré-déploiement.

En ce qui concerne la cybersécurité, les démonstrateurs territoriaux vont identifier des territoires pilotes, en avance sur le sujet, qui vont nous aider à qualifier l'offre industrielle française. Ensuite, nous financerons le surcoût de développement ou d'adaptation de cette offre pour qu'elle puisse se retrouver sur le marché. L'enjeu est de créer des solutions industrielles correspondant aux besoins des acteurs publics, collectivités locales, hôpitaux ou ports. Si nous ne faisons pas, aujourd'hui, les efforts nécessaires pour faire dialoguer les parties prenantes sur le sujet, un acteur extérieur viendra, demain, développer cette offre. Il serait très frustrant que cette offre ne soit pas française, car nous avons tout ce qu'il faut pour la développer.

La question s'est également posée, de manière très concrète, en matière éducative. En préfiguration de la stratégie sur l'éducation et le numérique qui sera annoncée par le Premier ministre à la fin du mois de mars, nous avons développé un certain nombre d'actions en 2020, pour un budget total de 300 millions d'euros de PIA. Nous optons pour une approche intégrée par territoire, et non plus par grand plan. Nous avons identifié quelques territoires pilotes et nous y avons investi dans la formation des professeurs et des parents ainsi que dans les équipements. Les start-up et les entreprises des technologies de l'éducation (EdTech) ne veulent plus de financements, elles veulent que nous les aidions à faire sauter le verrou d'accès au marché de l'Éducation nationale. Sur ces démonstrateurs financés par le PIA, nous avons pu faire « sauter les verrous ». Avec les vingt démonstrateurs territoriaux du PIA 4, nous espérons montrer que donner aux acteurs de terrain la liberté de choisir eux-mêmes des solutions – dont on sait, grâce à l'ANSSI, qu'elles sont solides – fonctionne. Nous souhaitons casser la logique de passer par d'énormes marchés publics qui ne peuvent être obtenus que par d'énormes entreprises, alors que de petits marchés peuvent être satisfaits par de petites entreprises.

Dans le PIA 4, nous avons souhaité que les procédures compétitives et ouvertes puissent prendre d'autres formes, y compris celle des partenariats d'innovation. Les marchés publics permettent beaucoup de choses. Nous sommes frileux à l'idée d'utiliser les outils à disposition : les partenariats d'innovation sont un outil formidable, qui est très peu mis en œuvre. Il est toujours plus facile et moins risqué de mettre en œuvre des marchés publics classiques. Les partenariats d'innovation permettent de travailler avec de plus petits partenaires sous la forme du dialogue compétitif. Ils permettent également de travailler en direct, en faisant appel à plusieurs entreprises pour des sommes inférieures à 40 000 euros. Nous y avons régulièrement recours pour les besoins très spécifiques du SGPI. Il est facile de blâmer les marchés publics : le droit des marchés publics autorise beaucoup d'outils, que nous n'utilisons pas encore assez.

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