En la matière, il est important d'« embarquer » tout de suite les ministères. Il est difficile de centraliser ces dynamiques dans une agence de l'innovation. Il a fallu du temps pour mettre au point cette stratégie et travailler avec tous les services du ministère de l'Éducation nationale et du ministère de l'Enseignement supérieur. Cela nécessite une forte volonté des ministres concernés.
Aujourd'hui, nous ne voulons plus débloquer des moyens du PIA, si nous n'avons pas répondu à la question : « que se passera-t-il si cela marche ? ». La réponse à cette question nécessite un engagement mutuel entre les ministères : les ministères doivent identifier les moyens qu'ils réorienteront et mobiliseront, si la stratégie d'innovation fonctionne. Ils doivent s'engager quant à leurs actions, si la preuve de concept est faite. Ensuite, il faut espérer que la ligne soit tenue. Cette discussion a eu lieu, y compris avec les opérateurs du ministère de l'Éducation nationale, comme le réseau Canopé.
Un budget comme le PIA donne une capacité d'action rapide pour mettre en place des pilotes et des expérimentations. Cela permet au ministère de prendre le temps de construire sa stratégie sur la base d'une expérimentation qui a fonctionné. Les ministères témoignent d'une certaine aversion au risque : il est très difficile de réussir à préserver leurs budgets d'innovation. En période de crise, les premiers budgets que l'on coupe dans les entreprises sont ceux alloués à la communication et à l'innovation. L'État a donc repris à sa charge ces postes de dépenses : le budget du PIA 4 est ainsi passé de 10 à 20 milliards d'euros. Le PIA permet cette respiration. Des envies s'expriment au sein des ministères : notre travail consiste à les trouver, à les réunir et à les entraîner. L'« agencisation » permet d'aller plus vite sans forcément produire des résultats plus transformants. Les moyens réglementaires ne nous appartenant pas, il nous faut donc convaincre par la preuve.