Intervention de Bruno Sportisse

Réunion du jeudi 18 mars 2021 à 11h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Bruno Sportisse, président-directeur général de l'Inria :

Je ne pense pas qu'il nous manque des compétences spécifiques dans tel ou tel domaine. Nous devons mener une politique d'attractivité du territoire. Nous y œuvrons notamment dans la première version du plan Intelligence artificielle, au travers d'une action portée par l'Inria et qui s'intitule « Choose France ». Elle consiste en pratique, et nous l'assumons, à cibler les talents que nous attirons en France.

Il ne me semble pas pertinent de chiffrer précisément des besoins en cybersécurité, en Intelligence artificielle, en cloud ou encore en robotique, car le numérique touche à de multiples domaines. On note parfois une tendance à le segmenter alors qu'il s'intègre à d'autres champs de compétences. Les grands acteurs des nouvelles technologies américaines ont, eux, bien en tête les implications, en termes de commerce et d'affaires, des dynamiques scientifiques et technologiques du numérique. Je n'ai donc pas envie de cibler telle ou telle sous-partie du numérique, de telles découpes m'apparaissant le plus souvent artificielles.

En résumé, il convient de mener dès aujourd'hui, ce que nous faisons d'ailleurs, des actions inscrites dans une dynamique internationale en vue de l'implantation en France de talents et de compétences. Des actions de formation continue, souvent perçue comme le parent pauvre de l'enseignement en France, sont également en cours. J'ai déjà évoqué l'initiative de l'Inria en la matière. Il faut savoir inventer, avec des entreprises, des actions pour que des compétences scientifiques puissent évoluer vers des compétences numériques. Je suis extrêmement impressionné par les programmes mis en place dans cet esprit par certains grands éditeurs de logiciels, qui transforment des physiciens, des chimistes ou encore des mécaniciens désireux de changer de branche en développeurs et en ingénieurs du numérique.

Il me paraît par ailleurs important de ne pas s'en tenir à l'idée d'un mur à construire. C'est à mes yeux le flux qui compte. J'ai conscience que tout le monde ne partage pas ma position, mais je ne m'inquiète pas particulièrement d'une fuite des cerveaux, de la recherche publique, vers d'autres acteurs. Il me semble surtout crucial de veiller au maintien constant d'un flux entrant. Il est normal qu'il existe en contrepartie un flux sortant et aussi un flux de mobilité au bénéfice d'un tissu industriel, que j'espère en premier lieu français puis européen. Ce n'est pas en élevant des cloisons que nous résoudrons le problème mais en augmentant les flux, qui devront atteindre un équilibre entre les entreprises et la recherche publique. Les positions que celles-ci partagent apparaissent, dans ce contexte, déterminantes. Plusieurs dispositions récentes, telles que la loi relative à la croissance et à la transformation des entreprises (loi PACTE), facilitent heureusement leur entente.

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