Intervention de Bruno Sportisse

Réunion du jeudi 18 mars 2021 à 11h30
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Bruno Sportisse, président-directeur général de l'Inria :

La problématique de la souveraineté touche à la volonté politique et la capacité aussi bien de parvenir à un consensus citoyen et politique sur l'ensemble des enjeux que de se donner les moyens de ses ambitions. TousAntiCovid l'illustre parfaitement. Des acteurs industriels et des instituts de recherche s'y sont impliqués ensemble. Ils disposaient des moyens de réaliser leurs ambitions. Celles-ci étaient certes limitées car, dans le cas contraire, nous ne débattrions pas de souveraineté numérique. Cela étant, sans recherche, notamment sur les protocoles ayant permis la création de StopCovid, aucune application mobile n'aurait vu le jour.

La souveraineté numérique suppose donc d'avoir investi dans une politique de recherche et d'innovation. Je répondrai donc à votre question en vous confiant mon sentiment qu'une telle ambition existe bel et bien au niveau européen.

En vertu d'un hasard du calendrier, ce matin a été officiellement lancé le Conseil européen de l'innovation (European Innovation Council, EIC), qui existait en réalité depuis déjà deux ans à l'état de prototype. J'ai l'honneur de siéger à son conseil consultatif et il se trouve que j'ai pris part à sa conception, voici deux ans et demi, dans une mission que m'avaient confiée les ministres Frédérique Vidal, Bruno Le Maire, Mounir Mahjoubi et Florence Parly, à la suite du discours du Président de la République, dit de la Sorbonne, où il appelait de ses vœux la création d'une agence européenne de l'innovation.

Ce Conseil européen de l'innovation assume parfaitement son positionnement d'outil de la souveraineté technologique européenne, selon une ambition d'ailleurs rappelée par les commissaires ou la présidente de la Commission européenne. Le Président de la République, dans son allocution, ce matin, a lui aussi parlé de souveraineté technologique au travers de la planification technologique.

La volonté d'une souveraineté numérique existe selon moi. Seulement, elle doit s'incarner dans des projets concrets. Une période de crise sanitaire ne fournit pas le contexte le plus favorable pour la traduire sereinement dans la réalité et dans la durée. Ceci passera par des actions très concrètes. Nous avons évoqué le plan de relance et l'informatique quantique. Qu'adviendrait-il, en termes de cybersécurité, au cas où un ordinateur quantique verrait le jour ? Il n'est pas envisageable que la France ou l'Europe quittent la course engagée pour garder la maîtrise d'outils de cybersécurité. Il faut s'attaquer à un tel enjeu au niveau français, en coordination avec des partenaires européens.

J'ai évoqué un peu plus tôt les infrastructures logicielles de l'IA. Elles aussi doivent figurer sur des feuilles de route technologiques conçues avec des partenaires européens. Le lancement d'un Conseil européen de l'innovation apporte déjà, en soi, un élément de réponse. En assumant sans ambiguïté l'importance des technologies et des feuilles de route technologiques, il prouve notre capacité à avancer sur de vrais projets.

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