Aujourd'hui, nous utilisons des usines basées à Taiwan, chez TSMC, le plus gros fabricant au monde. Nous envoyons aux usines un fichier qui représente la position des transistors dans la puce. La puce compte 9 milliards de transistors. Les risques d'être copiés par ce biais sont donc très faibles.
Il existe quelques usines en France et en Europe, mais pour des process de gravure qui sont très larges. Ces usines peuvent fabriquer des petits composants, des composants de puissance, mais ne sont pas capables de fabriquer des processeurs comme les nôtres, avec de fortes capacités de calcul. Aujourd'hui, nous sommes obligés d'utiliser des usines basées à Taiwan. L'autre acteur qui croît énormément est aujourd'hui Samsung en Corée. Il n'existe pas d'acteur en Europe.
Quelles sont nos recommandations ? Pourquoi les acteurs aujourd'hui sont-ils Intel et TSMC ? C'est essentiellement parce qu'ils ont un marché. Comme leurs usines tournent, ils ont les moyens de les financer. TSMC va investir une dizaine de milliards cette année.
Ma recommandation est de travailler sur ces deux sujets : rapatrier des usines en Europe et faire en sorte qu'un écosystème utilise ces usines.
Si je prends l'exemple des vaccins, qui est d'actualité, il faut avoir des usines qui sont capables de les produire et des sociétés qui sont capables de les développer.
Chez Kalray, nous sommes ceux qui vont développer les puces et utiliser les usines. Il faut supporter cet écosystème si l'on veut avoir un vrai rapatriement, une vraie souveraineté.
Concernant les usines, deux approches sont possibles :
– soit faire un leader européen, ce qui nécessiterait un très fort investissement ;
– soit inciter des fabricants actuels (Intel, TSMC, Samsung) à mettre en place des chaînes de production en Europe. Cela nous permettrait de valoriser leur expertise, de créer un pôle de compétences, de garantir des acteurs à la pointe du progrès.