C'est le jour et la nuit entre être un investisseur aujourd'hui et il y a vingt ans. Les progrès sont énormes ! Aujourd'hui, on est plus tourné vers l'innovation, l'écosystème est bienveillant pour permettre à des start-up de se développer. En termes de culture, le changement est réel. Il y a vingt ans, le monde des laboratoires et le monde de l'entrepreneuriat se haïssaient. Aujourd'hui, non. Le CEA invite les entrepreneurs à venir voir les technologies qui sont développées pour lui et qui pourraient servir à créer une société. Il faut continuer à supporter cette démarche, car on voit que l'innovation est issue du monde des start-up, puis doit être transformée en leader mondial.
En termes de financement, il est inutile de vous cacher que la vie de Kalray a été très difficile. Pendant quatre à cinq ans, je disais à mes collaborateurs que je n'étais pas certain de pouvoir payer leurs salaires le mois suivant. Nous avons levé 100 millions d'euros, ce qui est énorme par rapport à notre parcours. La plupart de nos concurrents ont levé 400 à 500 millions d'euros. Nous avons eu la chance de faire une très belle introduction en bourse, puisque nous avons levé 50 millions d'euros. Pourquoi est-il si difficile d'avoir des financements privés ou publics dans le marché des semi-conducteurs ? Parce que l'Europe considérait qu'elle n'avait aucune chance de réussir sur ce marché et l'avait abandonné. Aujourd'hui, il existe une prise de conscience et il existe des aides et des supports en France et en Europe. Je pense que ces soutiens sont nécessaires pour créer dans notre industrie des champions nationaux et européens.