Intervention de Paul-François Fournier

Réunion du jeudi 15 avril 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Paul-François Fournier, directeur exécutif en charge de l'innovation de Bpifrance :

Nous le faisons même si la mobilisation du crédit impôt recherche est un processus un peu long car il faut que l'État valide l'enveloppe. Nous essayons de le faire de plus en plus, mais tous nos financements permettent justement d'avoir les moyens d'attendre le délai de remboursement du crédit impôt recherche.

De façon générale, tous nos moyens permettent de trouver des financements, que ce soit du montant du crédit impôt recherche lui-même ou que ce ne soit pas lié à ce crédit, ce qui simplifie la situation en nous permettant d'aller plus vite dans le financement de l'entreprise, sans entrer dans la logique administrative de la mobilisation du crédit impôt recherche. Inversement, notre conviction est qu'il faut regarder pourquoi nous ne pourrions pas aller plus vite. C'était une des demandes régulières des entrepreneurs : pouvoir mobiliser plus rapidement et avoir des remboursements plus rapides du crédit impôt recherche.

Après les premiers financements qui servent à lancer l'entreprise et à trouver des financements autour de soi, il faut que l'entreprise parvienne à convaincre un fonds d'investissement qui prendra la relève. Nous continuerons à aider au financement, mais le fonds est tout de même l'outil qui donnera les moyens. Il faut aussi reconnaître que c'est lui qui sélectionne les entreprises puisque le dispositif des start-up fonctionne avec une sélectivité progressive pour que les moyens soient donnés aux entreprises les plus prometteuses. Nous finançons massivement les fonds d'investissement et, tout d'abord, les fonds d'amorçage.

Quelques 36 fonds d'amorçage sont répartis sur l'ensemble du territoire français. Il s'agit d'une vraie richesse française, grâce aux programmes d'investissements d'avenir. Ces fonds d'amorçage sont extrêmement territorialisés : près de 60 % de leurs financements proviennent des territoires, en dehors de l'Ile-de-France. C'est la première validation tierce permettant de s'assurer que d'autres acteurs que nous sont convaincus de l'intérêt du projet.

Nous finançons au début mais nous jugeons qu'il faut ensuite que d'autres financent et c'est l'objet de l'amorçage : s'assurer que d'autres acteurs mettent des moyens. En l'absence d'autres acteurs, les règles européennes font que l'État ne peut pas continuer à financer seul au travers de Bpifrance une entreprise sur laquelle personne d'autre ne met un minimum de moyens de financement privés et c'est conforme à notre conviction.

Il existe aussi un réseau de fonds sectoriels thématiques, parfois régionalisés. Nous finançons cet écosystème de près de 120 fonds français qui devient de plus en plus puissant et important. Il peut de mieux en mieux accompagner les entreprises, en termes de développement mais aussi pour avoir les moyens d'aller à l'international ou de faire des acquisitions pour grandir

Nous travaillons avec Business France et des dispositifs de diagnostic d'innovation. Ce sont de petites missions de conseil, très concrètes, comme « Pitch&Win » pour apprendre à « pitcher », en anglais mais pas uniquement, c'est-à-dire pour savoir expliquer en dix minutes son entreprise. C'est un exercice absolument essentiel pour se faire comprendre. Nous faisons aussi des diagnostics sur la stratégie, sur l'industrialisation et nous avons beaucoup de missions d'accompagnement à l'international pour permettre aux entreprises d'accoster en Europe ou aux États-Unis. Dans certains domaines, c'est absolument essentiel.

Enfin, un enjeu important et complexe consiste à tisser le lien avec les filières traditionnelles pour faire travailler les grands groupes français, les ETI ou les PME avec cet écosystème de start-up. Il s'agit à la fois de faire en sorte que ces start-up aient des clients, qu'elles trouvent de vrais marchés et de vrais clients et, pour les grands groupes, d'avoir l'opportunité de travailler avec des start-up proches de chez eux, qui leur permettent d'accélérer leur digitalisation ou d'intégrer une nouvelle brique technologique et de rendre plus compétitive leur offre. Ce maillage est un grand enjeu des années à venir pour ré-innover dans ces filières.

Nous sommes donc très heureux que France Industrie parraine avec nous cette plateforme Tech In Fab et commence, dans la deep tech, à créer des liens de plus en plus étroits entre les start-up et les grands fleurons industriels. Ces start-up deviennent de véritables éléments de la filière et permettront de créer des solutions, de retrouver de nouveaux marchés. Elles pourront rester indépendantes ou intégrer des groupes ou des ETI ayant besoin de ces briques technologiques.

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