Intervention de Paul-François Fournier

Réunion du jeudi 15 avril 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Paul-François Fournier, directeur exécutif en charge de l'innovation de Bpifrance :

Nous sommes un acteur important de ces fonds. Nous investissons une part minoritaire mais très importante dans ces fonds. Ce sont des sociétés de gestion qui captent des moyens financiers des acteurs du monde de l'assurance, de la banque, des family offices, des fonds de pensions, des banques publiques pour lever un fonds d'investissement. Leur première mission est de convaincre les investisseurs, souvent institutionnels ou family offices, d'investir dans leur fonds pour, ensuite, faire leur vrai métier : investir dans le capital des start-up.

Nous sommes un acteur important de cet écosystème puisque nous sommes volontaristes. Un de nos rôles consiste à être aux avant-postes pour aider à la transformation de l'écosystème, au travers des financements du programme d'investissements d'avenir. Nous avons incité les fonds à augmenter leur taille moyenne en investissant plus. Par exemple, nous leur demandons de passer leur fonds de 100 millions à 200 millions d'euros en les aidant à lever et en donnant le signal que nous sommes prêts à suivre. Nous investissons aussi plus dans des fonds d'amorçage, en particulier de la deep tech, car ce domaine est un peu plus risqué que la technologie. Nous mettons dans ces fonds régionaux ou ces fonds d'amorçage un peu plus que les 20 % que nous mettons en moyenne dans un fonds afin d'aider à monter les tours de table. Nous jouons un rôle « activiste » pour pousser l'écosystème à changer d'échelle.

Les co-investisseurs dans ces fonds sont rarement des personnes physiques. Cet écosystème est peu accessible aux personnes physiques et c'est la raison pour laquelle nous avons lancé une première initiative avec le fonds « Bpifrance Entreprises 1 ». Toutefois, ce sont plutôt des family offices – c'est-à-dire des gens qui ont des moyens très significatifs – qui investissent dans ces fonds, les tickets allant en général de 500 000 euros à un million d'euros. Les investisseurs sont aussi des institutionnels : les assureurs, les banques et les fonds de pension étrangers qui, de plus en plus, viennent investir dans des fonds français. Je crois qu'il faut s'en réjouir. Beaucoup de fonds étrangers de capital-risque viennent sur la place française et c'est une bonne nouvelle mais le mieux est qu'ils investissent directement dans les fonds français avec nos investisseurs et nos sociétés de gestion françaises afin de booster notre filière française de la finance et de la faire croître.

Un des gros enjeux consiste à attirer les fonds de pensions, en particulier américains, pour qu'ils investissent directement dans les fonds français. Nous commençons à y parvenir. C'est un axe important pour faire croître notre écosystème de fonds français et l'aider à grandir.

La situation évolue bouge du côté des institutionnels, d'abord parce que l'État a joué un rôle d'incitation très significatif depuis quelques années. Vous avez déjà entendu parler de l'initiative de Philippe Tilly. Nous étions hier avec M. Nicolas Dufourcq et M. Philippe Tilly pour faire le point sur cette initiative. Il s'agit de pousser les principaux institutionnels français à investir beaucoup plus significativement dans les fonds importants, à 500 millions d'euros ou un milliard d'euros, pour accompagner les importantes levées de fonds en cours de développement en France. Ce processus est nouveau et la rentabilité n'était jusqu'à présent pas très bonne. Il est difficile de demander à quelqu'un, dont l'assurance-vie, avec une rentabilité maximale, est le métier, de prendre plus de risques dans un écosystème non encore mature.

La bonne nouvelle est que la mécanique mise en place collectivement produit ses effets. Chaque élément de l'écosystème nourrit l'autre et permet de faire grandir l'ensemble. Cette dynamique permet aux start-up de grandir, de lever plus de fonds et d'être plus rentables, donc plus attractives, en termes de retour sur investissement pour ces acteurs. La rentabilité de ces fonds est maintenant stable et aura tendance à s'accroître, puisque la technologie jouera un rôle de plus en plus important. Nous arrivons à une rentabilité qui permet d'attirer de plus en plus de capitaux français et étrangers pour parvenir, dans les années qui viennent, à un écosystème mature qui donne toute sa puissance.

La situation évolue. Il faut continuer car le mouvement est encore naissant mais les signaux sont plutôt positifs même s'il reste d'importants progrès à faire. Nous aurons besoin de beaucoup de capitaux dans l'avenir car notre potentiel de start-up est croissant. Nous avons de plus en plus de jeunes entreprises nées voici quelques années et, avec le plan Deeptech, nous en créerons de plus en plus. Elles auront massivement besoin de capitaux. Si tout fonctionne bien, nous aurons besoin de toujours plus de capitaux et ce sera plus facile si l'écosystème de la tech démontre qu'il crée de la valeur pour ces investisseurs institutionnels.

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