Nos plateformes telles que Tech In Fab ou la plateforme du hub qui porte sur une dimension plus deep tech nous permettent de travailler avec l'union des groupements d'achats publics (UGAP) ou avec l'État et les acheteurs de l'État. Il m'est arrivé plusieurs fois d'intervenir auprès des acheteurs de l'UGAP pour leur expliquer la dynamique des start-up et comment faire.
Il faut reconnaître que la commande publique n'est probablement pas le meilleur moyen de faire de l'innovation. Les politiques d'achat sont parfois contradictoires avec la capacité d'innovation et il faut trouver des moyens de traiter le sujet de l'innovation, souvent différent de l'achat de produits matures. Sur des sujets de souveraineté ou de développement de l'innovation, il faut avoir les moyens de sortir de la seule logique à court terme des moyens pour donner sa chance à une start-up.
Plus globalement, nous faisons tout ce que nous pouvons, mais, à un moment, nous arrivons au bout de nos capacités. Notre métier est de financer les entreprises. Nous le faisons le mieux que nous pouvons, mais nous avons nos propres enjeux d'efficacité. Notre rôle est de donner de la visibilité à ces start-up, mais je ne crois pas raisonnable que nous devenions l'agent de transformation de l'État dans sa commande publique. Nous sommes un opérateur résolument centré sur la culture de l'entreprise pour apporter à l'État une proximité avec l'entreprise et une capacité à déployer des moyens simples de financement. Je ne nous sens pas devenir une agence de transformation de l'État.
Nous militons pour un modèle qui a commencé à donner ses fruits, celui de l'agence de l'innovation de la défense. Elle est notre interlocuteur potentiel vis-à-vis de la défense. Dans la santé, nous avons proposé avec le Boston Consulting Group et France Biotech la création d'une agence de l'innovation de la santé.
Ces agences doivent être l'aiguilleur, l'agent de la transformation et le parti pris des start-up, dans l'écosystème de la santé ou de la défense. Quel que soit son nom, nous avons besoin d'une structure qui nous donne des priorités dans le domaine de la santé et qui puisse accompagner les entreprises, être leur avocat pour simplifier les processus administratifs. Cette structure doit aussi être un acheteur de produits innovants, ici des produits de santé, mais c'est valable dans de nombreux autres domaines. Son regard doit être innovant et probablement plus souverain. Nous avons de plus en plus besoin de ce type d'interlocuteur qui soit la voix de l'État client et la voix des entreprises françaises à l'intérieur de l'administration, en particulier des entreprises innovantes qui sont plus fragiles et ne disposent pas forcément de lobbyistes pour leur permettre de comprendre les méandres des cabinets et des administrations. Une telle agence, en plus de guider les entreprises, pourrait leur donner un vrai modèle économique, puisqu'elles ont besoin de plus de visibilité qu'une structure traditionnelle.