Intervention de Nicolas Blanc

Réunion du mardi 20 avril 2021 à 10h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Nicolas Blanc, délégué national au numérique de la CFE-CGC :

La souveraineté numérique constitue un nouveau territoire à conquérir, c'est-à-dire qu'il est essentiel de disposer d'une infrastructure et des outils indispensables à l'occupation de cet espace numérique. Un déséquilibre s'est créé et il nous appartient de le corriger.

Afin d'acquérir cette nouvelle infrastructure et de maîtriser les données, la régulation européenne et la régulation française permettent de réglementer ce monde dans lequel toute donnée devient une valeur marchande alors qu'initialement elle est une propriété.

Il convient également d'assurer la sécurité. Les attaques cyber se multiplient dans l'ensemble de notre pays. Ce nouveau territoire à conquérir comporte des risques. Comme l'a récemment rappelé M. Guillaume Poupard, la virtualisation des réseaux favorise les risques de cyber attaques. Il nous appartient donc de créer, de gérer et d'assurer cette sécurité. L'Europe a proposé une régulation de la 5G dans laquelle il importe que nous nous inscrivions.

Force est de constater que la situation est très complexe. Nous sommes également acteurs dans le domaine de l'Intelligence artificielle, dans lequel l'Europe a initié une régulation qui commence à se décliner. Il convient également de progresser dans les domaines de la 5G, de la blockchain et de l'informatique quantique ou calcul quantique.

Le constat éclairé posé par la CFE-CGC montre que la France dispose d'atouts. La compétence des ingénieurs français est reconnue. En atteste d'ailleurs l'installation par Facebook d'un centre de recherche sur l'Intelligence artificielle en France. Nous comptons des entreprises du numérique de taille suffisante pour construire les infrastructures : OVH – qui a tenu un rôle important dans GAIA-X, Athos, Thales, etc. Nous disposons de véritables forces industrielles qui nous permettent de construire cette souveraineté, tant à l'échelle française qu'européenne, si ces constructions peuvent s'assembler avec d'autres entreprises.

Notre patrimoine de données est très riche. Le Health Data Hub contient des données de santé qu'il importerait de valoriser.

Notre épargne et notre écosystème financier sont suffisamment solides pour accompagner le développement de l'économie du numérique. Il conviendrait de la valoriser et de la mobiliser pour cette souveraineté numérique qui nous concerne tous. La CFE-CGC estime qu'il est indispensable de sensibiliser l'ensemble des Français, à tous les niveaux, afin qu'ils comprennent l'importance que revêt cette souveraineté.

Nous accusons également des faiblesses. La souveraineté numérique représente un concept très protéiforme qui intègre différents intérêts d'autonomie stratégique au niveau de l'État. Cependant, au niveau interministériel, force est de constater que les logiques de souveraineté diffèrent et plus encore au niveau européen, car chaque pays développe son propre concept de souveraineté numérique. Nous espérons qu'à l'occasion de sa présidence de l'Union européenne, début 2022, la France se posera en acteur dans ce domaine, mais actuellement, il n'existe aucune vision commune européenne de la souveraineté numérique.

Les décideurs publics ne sont pas suffisamment sensibilisés aux forts enjeux économiques nationaux et collectifs de la perte de souveraineté. La puissance publique doit être exemplaire. Nous ne comprenons pas la posture de la banque publique d'investissement (Bpifrance) face au Health Data Hub, à l'hébergement des prêts garantis par l'État (PGE) par Amazon, etc. La souveraineté numérique impose un équilibre.

S'agissant des télécoms, nous constatons un défaut de soutien efficace au développement dans nos territoires.

Les règles de concurrence ne sont pas très claires, notamment vis-à-vis des États-Unis.

Notre puissance financière est très faible en regard des moyens financiers apportés par l'État américain où la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) est omniprésente. L'Europe s'organise sur l'innovation de rupture, mais nous sommes toujours en rattrapage.

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