Forts de ce diagnostic, nous avons formulé un certain nombre de propositions. La première consisterait à sensibiliser les décideurs à ces enjeux par la pédagogie centrée, non seulement sur des conséquences économiques et sociales, que nous avons précédemment mentionnées, de notre perte de souveraineté, mais également sur les évolutions du monde, afin de mieux le comprendre. Par exemple, le fonctionnement des algorithmes modifie considérablement le jeu concurrentiel et il s'avère indispensable de communiquer quant à ces enjeux.
Afin de pallier l'absence de cohérence, il est important également de mettre en œuvre un pilotage et nous proposons de recréer le Commissariat au Plan et de construire un véritable plan de conquête de l'espace numérique et de notre souveraineté numérique, à l'instar de la démarche initiée dans le passé afin d'assurer l'autonomie du pays en matière de techniques d'information (Plan Calcul).
Nous suggérons également de créer un cadre cohérent, avec une régulation adaptée, en organisant un écosystème propice à une mutualisation des technologies, en construisant une infrastructure qui permette de comprendre le fonctionnement des algorithmes, en élaborant une politique de données d'intérêt général efficace qui placera la création de valeur au niveau de l'analyse des données et non plus au niveau de leur détention. Cet enjeu est très important dans les réflexions en cours à Bruxelles relativement aux données extra-financières, à la construction de ce pilier de l'analyse et de la comptabilisation extra-financière, afin d'assurer notre souveraineté. Nous défendons l'idée d'un European Cloud Act, sur le modèle du Small Business Act, afin de pouvoir assurer et garantir non seulement la protection des données de chaque citoyen, mais également la protection de nos start-up, mais en cohérence avec une épargne drainée qui accompagnerait le développement des entreprises. En effet, les quelques maillons existants méritent d'être renforcés.
Il serait souhaitable de dresser un bilan des mesures de protection déjà mises en place.
Nous suggérons de nous appuyer sur nos atouts, en les gardant à l'esprit, et de nous émanciper d'un environnement technologique qui ne nous est pas favorable, puisque 90 % des données personnelles sont stockées dans un cloud étranger. Nous préconisons que nos décideurs publics deviennent les porte-étendards de nouveaux choix assumés qui s'appuieraient sur des entreprises françaises ou européennes et proposeraient des solutions technologiques alternatives aux GAFAM. Il importe de donner de la visibilité à des solutions technologiques numériques françaises. L'exemple de Dassault Systèmes est intéressant parce que, grâce à une acquisition, cette entreprise a créé une plateforme sur laquelle ont été développés plus de la moitié des essais thérapeutiques liés aux vaccins. Nous disposons d'atouts. Il importe de nous appuyer dessus et de les disséminer.
S'agissant de l'épargne, nous avançons une proposition visant à reconstruire une forme de nouveau capitalisme français, mais en drainant l'épargne et en associant la garantie de l'État pour les apports en fonds propres, telle que l'a d'ailleurs proposée le rapport de France Stratégie sur la compétitivité des entreprises.
S'agissant de nos compétences, il nous semble très important de les protéger afin d'éviter que le cas de Nokia ne se renouvelle. Notre compétence existe et il convient de la préserver.
Nous envisageons la formation et l'accompagnement à ces transformations de compétences comme une hybridation. Cela signifie qu'il importe de conserver la compétence de cœur de métier à laquelle s'ajoutera la compétence de la donnée à différents niveaux, entre la culture data et un niveau beaucoup plus important.