Intervention de Liliane Dedryver

Réunion du jeudi 29 avril 2021 à 11h00
Mission d'information sur le thème « bâtir et promouvoir une souveraineté numérique nationale et européenne »

Liliane Dedryver, directrice de projets « Technologies et solutions numériques émergentes » du service de l'économie numérique à la direction générale des entreprises (DGE) (ministère de l'économie, des finances et de la relance) :

Je reviendrai d'abord sur la définition de la souveraineté numérique, proposée par le directeur général de la DGE, M. Thomas Courbe. Elle repose, selon lui, sur deux facultés. La première est de définir librement les règles encadrant les usages du numérique, afin de contrôler leur impact, sur les entreprises, mais aussi sur les consommateurs et citoyens. De ce point de vu, l'intervention de l'État a plutôt porté, en France, sur l'aspect financier, via la loi Pacte.

La seconde faculté cruciale pour la souveraineté numérique de la France implique une autonomie relative par rapport aux principales technologies à la base des usages du numérique. Concernant ce volet, le principal levier, pour la DGE, consiste à développer des stratégies industrielles du numérique permettant de soutenir transversalement la production de solutions innovantes par des acteurs français.

La stratégie nationale blockchain est intervenue suivant cet axe. Lancée en avril 2019, elle vise d'abord le développement des usages non financiers de la technologie blockchain et la croissance de l'écosystème d'entreprises françaises. Elle s'articule autour de quatre axes clés :

– la création de débouchés, que la DGE soutient, à la fois en accompagnant la filière, notamment dans les comités stratégiques de filières (CSF) qu'elle pilote, et en organisant, avec les acteurs, des cycles de réunions autour du partage d'information et de retours d'expérience ;

– le financement des porteurs de projets. Si les blockchains à usage financier ont procédé à d'importantes levées de fonds, un besoin subsistait toutefois de soutien public aux blockchains à usage non financier. La DGE, avec l'appui de Bpifrance, accompagne les entreprises par des subventions et des prêts ;

– l'accompagnement des entrepreneurs blockchain. La DGE facilite ainsi les échanges entre les différentes administrations compétentes et les start-up ;

– les ministres, M. Cédric O, Mme Frédérique Vidal et M. Bruno Le Maire, ont confié une mission prospective à des chercheurs de l'Inria, du CEA-List et de l'IMT. Elle a donné à lieu à la publication, le 15 avril dernier, d'un rapport sur les verrous technologiques des blockchains, assorti de recommandations aux pouvoirs publics en vue de les lever.

L'écosystème de la blockchain en France est en train de se consolider. Nous constatons un authentique dynamisme des start-up, ainsi qu'une appropriation progressive, par les grands groupes, de la technologie blockchain, ce qui nous laisse présager une augmentation des débouchés de l'industrie de la blockchain en France.

Le réseau foisonnant des start-up de l'industrie de la blockchain a réussi à faire face à la crise, dans certains cas grâce à l'accompagnement de l'État. Le rapport des chercheurs que je viens d'évoquer a dressé une première cartographie des acteurs de la blockchain en France, dénombrant une centaine de start-up vers la fin de l'année 2019 et le début de 2020. Au début de 2021, en revanche, Bpifrance relevait environ 400 start-up en France. Bien que toutes n'atteignent pas la même taille ni le même potentiel, la progression ne laisse aucun doute.

Ce foisonnement des start-up s'accompagne d'une consolidation de l'écosystème, via la structuration de sa représentation. La France peut se féliciter de compter deux associations représentant les intérêts des différentes entreprises de l'écosystème de la blockchain : l'association pour le développement des actifs numériques (ADAN), à la création relativement ancienne, et la fédération française des professionnels de la blockchain (FFPB), qui a vu le jour en 2020.

Malgré un petit ralentissement pendant la crise, les débouchés continuent à se développer grâce à une acculturation croissante des grands groupes et des intégrateurs de solutions. Pour accompagner cette croissance, la DGE travaille, au sein de la task force blockchain, à l'élaboration de guides de sensibilisation.

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